# Bibliographie politique practico-pratique dans le domaine de la science politique par [[Midelt Bernard de (1934-2024)|Bernard de Midelt]] > [!summary] Référence initiale de l'article sous le pseudonyme de Christian Terroir > Terroir Christian, « Bibliographie politique practico-pratique dans le domaine de la science politique », *Action Familiale et Scolaire*, n°199 pp. 69-74, octobre 2008. >> [!pdf] [[AFS199 Bibliographie practico-pratique pages 69 - 74.pdf|Télécharger l'article original en pdf]] > [!note] > Cet article paru en son temps dans la revue de l'AFS est corrigé par la V3 - version d'août 2023 ci-dessous. >> [!pdf] [[Midelt (2023) Bibliographie politique practico-pratique dans le domaine de la science politique.pdf|Télécharger la version à jour de l'article en pdf]] Dans le désordre politique actuel, des citoyens se demandent parfois s’il ne conviendrait pas de revenir aux principes fondamentaux de la science politique, en préalable à une restauration de la poursuite du bien commun temporel. En vue de faciliter ce travail forcément studieux, nous proposons ci-dessous les références de cinq ouvrages de Thomas d’Aquin. Ces documents que l’on peut se procurer aisément et sans investissement exagéré devraient permettre au débutant d’assimiler les jugements universels et permanents que le Docteur réaliste nous propose sur le politique, par-delà les siècles. Cette doctrine qui reste très actuelle permet de se dégager rapidement de l’interprétation journalistique des évènements politiques pour développer sa propre analyse politique ; dans un deuxième temps elle autorisera une renaissance de l’authentique action politique. Sauf mention contraire, tous ces ouvrages sont disponibles dans les librairies dont les adresses suivent (liste non exhaustive) : - Librairie Chiré- DPF, BP 1, 86190 Chiré-en-Montreuil, <https://www.chire.fr/> - Librairie Duquesne, 27 avenue Duquesne, 75007 Paris. La notion d’"ordre politique" étant une des clefs de compréhension de notre intérêt naturel envers le politique nous débutons nos recommandations de lecture par un court extrait de l’"aquinate" que nous livrons à la méditation du lecteur : **Thomas d’Aquin st, Somme contre les Gentils, livre III, c 98 :** « Ainsi deux ordres sont à considérer : **l'un** (l’ordre naturel) **en dépendance de la cause première** de toutes choses et de ce fait embrassant l'univers ; un autre, **particulier**, en dépendance d'une cause créée particulière, et s'étendant à tout ce qui ressortit à elle. Les ordres (particuliers) de ce genre sont aussi nombreux que diverses sont les causes rencontrées dans le créé. Ils sont toutefois subordonnés entre eux tout comme les causes. Et ainsi tous les ordres particuliers sont nécessairement subordonnés à **cet ordre universel** et dérivent de l'ordre imposé aux êtres en raison de leur dépendance de la cause première. » Et l’aquinate ajoute immédiatement : **« La politique nous en offre un exemple**. Tous les membres d'une famille sont unis entre eux dans cet ordre qui naît de leur sujétion au même père ; à son tour, tant le père de famille que ses concitoyens sont partie d'un ordre qui les unit entre eux et avec le chef de la cité ; celui-ci à son tour, avec tous ses compatriotes, est partie de l'ordre que préside le roi. » ## 1° Les textes fondateurs de la science politique traditionnelle rédigés par Thomas d'Aquin ### I.-. De regno, édition Civitas, 2009 Il s’agit d’un écrit de pédagogie politique, plutôt qu’à proprement parler de science politique, à destination du roi de Chypre Hugues III, mais accompagné ici de notes, commentaires et annexes de B. Rulleau qui le qualifie comme "introduction à la doctrine politique de Thomas d’Aquin".[^1] [^1]: Les autres éditions du *De regno* encore disponibles de nos jours sont citées dans notre deuxième partie, au titre des commentaires accompagnant les œuvres de Thomas d’Aquin. Il existe une version numérique en anglais : <https://catdir.loc.gov/catdir/samples/cam033/2002025748.pdf> Cf. [[Bibliographie politique practico-pratique en science politique#^56b08a|annexe I]] : une fois dirimés certains différends, nous présentons les éléments qui font du *De Regno* "un des premiers traités politiques d’importance du Moyen-Âge latin"[^2]. [^2]: Introduction de D. Carron à La Royauté, éd Vrin 2017, p 72. ### II.-. Les principes de la réalité naturelle Cet opuscule de Thomas d'Aquin a été introduit, traduit et annoté par Jean Madiran aux Nouvelles éditions latines, collection Docteur commun, 1963, ([version en ligne](https://ifac.univ-nantes.fr/IMG/pdf/thomas_d_aquin_les_principes_de_la_realite_naturelle.pdf)). Il apporte des éléments de physique, métaphysique et logique fréquemment utilisés en science politique. Pour autant nous tenons que le savoir pratique[^3] est rigoureusement distinct du savoir théorique par son objet et comme le précise fort bien Marcel De Corte : « je ne crois pas en effet que le savoir pratique au sens propre ait besoin du savoir spéculatif pour être. »[^4] [^3]: Pratique : qui concerne l’action. [^4]: *Réflexions sur la nature de la politique*, L’Ordre français n°191, mai 1975, p 9. ### III.-. Expositio in libros Politicorum Aristotelis - Exposition[^5] de la Politique d'Aristote [^5]: "Exposition" au sens de "Action de présenter, par écrit ou oralement, généralement sans prendre position, des données de fait ou le contenu d'une œuvre sous forme d'un développement ordonné visant à l'exhaustivité". Il serait bien préférable d’utiliser le terme "Exposition" (plutôt que "Commentaire") pour traduire le terme *Expositio* désignant les commentaires de Thomas d’Aquin des œuvres d’Aristote, car nous rencontrerons plus loin les "commentaires" de ces "expositions". Mais nous ne sommes pas en charge de conseiller les traducteurs… **Il existe plusieurs textes français[^6] de cette œuvre** : [^6]: Il existe aussi une traduction en anglais de cette œuvre : Aquinas, Commentary on Aristotle’s Politics, translated by Richard J. Regan, diffusion librairie Vrin, 6 place de la Sorbonne 75005 Paris et d’autres en espagnol : Tomás de Aquino, COMENTARIO AL LA POLITICA DE ARISTÓTELES (Capítulo 1-3 lect. 6), Traducción Ana Mallea, Universidad de Navarra 2001 ([édition numérique](https://ia902700.us.archive.org/26/items/comentario-a-la-politica-de-aristoteles-santo-tomas-de-aquino_202306/Comentario%20a%20la%20politica%20de%20Aristóteles%20-%20Santo%20Tomás%20de%20Aquino.pdf)) et Charette Léon, *Commentaire de st Thomas sur la Politique d'Aristote,* *traduction française et introduction*, Thèse présentée à la Faculté de Philosophie de l'Université d'Ottawa, Canada, 1968 ([version en ligne](https://ruor.uottawa.ca/handle/10393/21188)). - Saint Thomas d'Aquin, *Commentaire du traité de La Politique d'Aristote*, traduction de Serge Pronovost, Editions Docteur Angélique, 2015 ([version en ligne](http://docteurangelique.free.fr/livresformatweb/philosophie/commentairepolitique1.htm)). - Nodé-Langlois Michel, *Thomas d’Aquin, Commentaire des huit livres de la Politique d’Aristote* in Commentaires politiques, Artège - Lethielleux, 2019. Autres documents : **Fragments de l’Exposition de la Politique d'Aristote** - *Préface à la politique*, introduction, traduction et notes d'Hugues Kéraly, Nouvelles éditions latines, coll. Docteur commun, 1974 (cet ouvrage ne comporte que le texte français du proème de Thomas d’Aquin : n 1 à n 8). - *Chapitre 1 de l’Exposition de la Politique (Proème de Thomas d’Aquin et exposition du proème d’Aristote)* par Échivard Jean-Baptiste, *Une introduction à la philosophie* tome 3, *Les proèmes des lectures de saint Thomas d’Aquin aux œuvres d’Aristote*, éd. FX de Guibert, 2006, pp. 154-177 (cet ouvrage ne comporte que le texte français du proème de Thomas d’Aquin ainsi que le chapitre I de l’Exposition : n 1 à n 41). ### IV.-. Expositio in decem libros Ethicorum Aristotelis ad Nicomachum - Exposition de l’Ethique à Nicomaque d’Aristote Malgré son titre, cet ouvrage est un traité de Politique.[^7] [^7]: « Il dit qu'il appartient à la politique de considérer la fin ultime de la vie humaine. Il faut toutefois remarquer, que s'il considère cette fin ultime dans ce livre-ci, c'est que la doctrine de ce livre-ci contient les premiers éléments de la science politique. » Thomas d’Aquin st, Com Eth, I, 2 § 31. Cf. Aristote, *Ethique à Nicomaque*, I, 3. Il existe deux textes français de cette Exposition[^8] : [^8]: Il existe une version numérique de l’Exposition de l’Ethique en espagnol : [https://ia601607.us.archive.org/0/items/comentario-a-la-etica-a-nicomaco-santo-tomas-de-aquino_20230409/Comentario%20a%20la%20%C3%89tica%20a%20Nic%C3%B3maco%20-%20Santo%20Tom%C3%A1s%20de%20Aquino.pdf](https://ia601607.us.archive.org/0/items/comentario-a-la-etica-a-nicomaco-santo-tomas-de-aquino_20230409/Comentario%20a%20la%20Ética%20a%20Nicómaco%20-%20Santo%20Tomás%20de%20Aquino.pdf) - St Thomas d’Aquin, Commentaire de l’Ethique à Nicomaque d’Aristote, Texte français de Pelletier Yvan, 2000, (disponible en ligne [ici](https://numerique.banq.qc.ca/patrimoine/details/52327/1767943) ou [là](https://studylibfr.com/doc/5323871/commentaire-de-l-éthique-à-nicomaque-d-aristote--complet-)) - *Thomas d’Aquin, Commentaires des dix livres de l’Ethique à Nicomaque d’Aristote in* Nodé-Langlois Michel, *Commentaires politiques*, Artège-Lethielleux, 2019. Autres documents : **Fragments de l’Exposition de l’Ethique d'Aristote** - *Chapitre 1 de l’Exposition de l’Ethique (Proème de Thomas d’Aquin et exposition du proème d’Aristote)* par Échivard Jean-Baptiste, *Une introduction à la philosophie* tome 3, *Les proèmes des lectures de saint Thomas d’Aquin aux œuvres d’Aristote*, éd. FX de Guibert, 2006, pp. 17- 37 (cet ouvrage ne comporte que le texte français du proème de Thomas d’Aquin ainsi que le chapitre I de l’Exposition : n 1 à n 42). Cf. [[Bibliographie politique practico-pratique en science politique#^31afe3|annexe 2]] : contre l’interprétation du concept de *bien commun* par l’auteur (sa note 33, p 134-135 : "une activité commune à beaucoup") nous présentons l’enseignement de l’aquinate sur les deux manières de concevoir ce qui est "commun" : *commun par prédication* à plusieurs choses en nombre et *commun par participation* à une seule et même chose en nombre qui permet d’atteindre le véritable *bien commun*. ### V.-. Les lois - *Les Lois*, paru en 1998 aux éditions Téqui. Texte traduit (et présenté) par Jean de la Croix Kaelin op. Il s’agit du texte français du traité des Lois, extrait de st Thomas d’Aquin, *Somme théologique*, Prima secundæ, Ia IIae, q 90-97. Nous préconisons la lecture des cinq textes fondateurs dans l’ordre où ils se trouvent cités ci-dessus. ## 2° Les commentaires des expositions de Thomas d’Aquin cités supra Jean-Marie Vernier[^9] introduisait fréquemment ses cours par le conseil suivant, qui s’est avéré singulièrement fondé par la suite : « Méfiez-vous des commentateurs, lisez saint Thomas dans le texte ». Néanmoins il ne saurait être question de lire seul, sans aucun guide, les traités de l’aquinate. « Méfiez-vous des commentateurs » ne signifie pas « Débrouillez-vous tout seul ». [^9]: Jean-Marie Vernier : auteur du Texte français du *Commentaire du Traité de l’âme d’Aristote* par Thomas d’Aquin, éd Vrin. Examinons préalablement ce qui justifie la recommandation de J-M Vernier : 1. *Premier motif* de suspicion légitime des commentateurs : les disciples de saint Thomas, que l’on appelle les thomistes, sont majoritairement des thomistes démocrates : ceux-ci sont d’abord démocrates et ensuite, thomistes. Les « thomistes démocrates qui formeront le contingent le plus écouté des thomistes français dans les années 1930 et jusqu’à la disparition quasi complète du thomisme de la vie intellectuelle française »[^10] sont finalement tous des disciples de Jacques Maritain. Or celui-ci est partisan d’un « humanisme théocentrique »[^11]. Certes la Somme de saint Thomas est un traité éminemment théologique et l’ordre théologique comprend la totalité de l’ordre naturel. Mais pour autant la Somme n’est pas un cursus de science politique[^12]. Un critère significatif qui permet de reconnaître facilement un thomiste démocrate, c’est sa ferveur pour la question 105 de la Somme Théologique : par des « artifices parfois divertissants, parfois agaçants »[^13] il va s’appliquer à faire de saint Thomas un « génial précurseur de la démocratie moderne »[^14]. [^13]: Jugnet Louis, *Pour connaître la pensée de saint Thomas d’Aquin*, Chapitre Le régime politique : version en ligne : <http://www.theologie.fr/Poly%20-%20%20Pour%20connaitre%20la%20pens%E9e%20philo%20de%20Th.Aquin.pdf> [^14]: De Thieulloy Guillaume, op cit, p 121 2. *Deuxième motif* : les thomistes... sont rarement d’authentiques disciples de saint Thomas. Comme l’explique Étienne Gilson, celui qui s’efforce de retrouver la vraie pensée du Docteur Commun se trouve appartenir à une minorité dans une minorité, et il ajoute : > [!quote] > Et je crois pouvoir assurer qu’il ne suffit pas qu’un maître se dise thomiste, ou même qu’il pense l’être, pour qu’on soit sûr d’avoir affaire avec un fidèle disciple de saint Thomas.[^15] [^15]: Cf. Gilson Etienne, *Les tribulations de Sophie*, éd Vrin 1967, pp. 22 et 24. Combien de *thomistes* qui ne sont que disciples de François Suarez ou de Jacques Maritain. Or, pour se limiter à une seule illustration, Thomas d’Aquin et F. Suarez[^16] n’ont pas la même définition de la loi civile. [^16]: Ne pas s’imaginer un malentendu. F. Suarez s’inscrit ici ouvertement dans une critique de la conception de la loi de l’aquinate. | La loi n’est rien d’autre qu’une ordination de la raison en vue du bien commun, établie par celui qui a la charge de la communauté, et promulguée (Thomas d’Aquin, *Somme théologique*, q 90 a 4)[^17] | La loi est un précepte commun, juste et stable, suffisamment promulgué. (Francisco Suarez, *Des lois*, De legibus)[^18]. | | ------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------ | ------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------ | [^17]: Bastit Michel, *Naissance de la loi moderne*, éd. Puf, col Léviathan 1990, p. 66. [^18]: Bastit Michel, *Naissance de la loi moderne*, éd. Puf, col Léviathan 1990, p. 312. On imagine les conséquences politiques d’un tel désaccord principiel. Une fois supprimé le bien commun dans la définition de la loi, on aboutit inéluctablement à la conception moderne de la loi. D’où le volontarisme politique et l’impossibilité de fonder la légitimité d’exercice[^19]. [^19]: Cf. sur ce sujet, par exemple, Barraycoa Javier, *Du pouvoir dans la modernité*, éd Hora decima, 2007, p. 78. Considérons à présent les commentaires susceptibles de faciliter la compréhension des *expositions* de Thomas d’Aquin cités supra. Le plus simple étant de reprendre un à un les cinq titres d’ouvrages : 1. **De Regno** L’ouvrage que nous avons conseillé comporte déjà notes, commentaires et annexes de B. Rulleau ce qui répond à la question posée. On peut ajouter utilement les commentaires suivants : - RP Garrigou-Lagrange, *Préface in* *Du gouvernement royal*, éd ESR 1926, ([disponible en ligne](https://livres-mystiques.com/partieTEXTES/Garrigou_Lagrange/Gouvernement.html)). - Th. Grimaux, *Commentaire pratique du De Regno de saint Thomas d´Aquin*, éd Sicre, 2000 - D. Carron, *Introduction in* *La Royauté*, éd Vrin 2017. 2. **Les principes de la réalité naturelle** L’application des principes de ce document à la politique - qui reste notre préoccupation dans cet article - est opérée dans la brochure : de Midelt Bernard, *Nature de la société politique*, diffusion Chiré - DPF. 3. **Note introductive sur un critère de sélection des commentateurs de Thomas d’Aquin aux Expositions** L’*Ethique* et la *Politique* d’Aristote commencent par un *Proemium*, terme didactique dont l’étymologie vient du grec : *avant* et *chemin*. Nous le traduirons ici par le néologisme *Proème* plutôt que "entrée en matière", "exorde" ou "argument". Venons-en maintenant aux *Expositions* de Thomas d’Aquin qui commencent également par un *proème* de l’aquinate, propre à l’ouvrage d’Aristote commenté, *Ethique* ou *Politique*. Il fait suivre tout naturellement ce *proème* par son commentaire du proème d’Aristote. Examinons plus avant : - Synopsis pour l’*Exposition* de la Politique d’Aristote : Proème de Thomas d’Aquin : n 1 à n 8 Commentaire du Proéme d’Aristote : n 9 à n 41. - Synopsis pour l’*Exposition* de l’Ethique d’Aristote : Proème de Thomas d’Aquin : n 1 à n 7 Commentaire du Proéme d’Aristote : n 8 à n 42. Ces "chemins" sont spécifiques, tous les mots y sont pesés, et l’on ne s’étonnera pas de voir les commentateurs politiques de Thomas d’Aquin s’attarder longuement sur leurs acceptions. L’étudiant saura privilégier les thomistes qui auront franchi honorablement cet obex. 3. **Commentaire de l’Exposition de Thomas d’Aquin de la Politique d’Aristote** - Elders Léo J., Le commentaire sur (l’Exposition de) la Politique d’Aristote (chapitre 12, pp. 571-617) in *Aristote et Thomas d'Aquin*, Les Presses Universitaires de l'IPC, 2018 - Le commentaire "*Explication*" de Hugues Keraly in *Préface à la politique*, éd. Nouvelles éditions latines 1974, cité supra, propose une étude du Proème de Thomas d’Aquin (n 1 à n 8). Mais ce commentaire est sur certains points équivoque (par exemple chapitre III, partie II La politique science morale) et doit être complété par : [[De Corte (1974) Réflexions sur la nature de la politique]]. De Corte présente les insuffisances de Kéraly pour qui la Politique est une science morale, une des sciences morales, alors qu’elle est pour Aristote et Thomas d’Aquin, LA science ethico-politique, LA science morale. P. Bernard de Menthon, conférence sur *L’*Exposition *de saint Thomas d’Aquin de la Politique d’Aristote* - Poème et livre I, chapitre 1 ([[Menthon (2008) L’exposition de saint Thomas d’Aquin de la Politique d’Aristote|édition numérique]]). Sûrement un des meilleurs commentaires sur ce texte de Thomas d’Aquin. 4. **Commentaire de l’Exposition de Thomas d’Aquin de l’Ethique à Nicomaque d’Aristote** Plusieurs introductions à cette *Exposition de l'Ethique à Nicomaque d'Aristote* par Thomas d'Aquin ont été publiées. Citons notamment : - Elders Léo J., *Aristote et Thomas d'Aquin*, Les Presses Universitaires de l'IPC, 2018, pp. 485-570 - Nodé-Langlois Michel, *Thomas d’Aquin. Commentaires politiques*, Artège- Lethielleux, 2019, p. 229. - L'introduction politique de Marcel De Corte à cette *Exposition* d'Aristote s'intitule *[[De Corte (1977) L'éthique à Nicomaque d'Aristote|L'Ethique à Nicomaque. Introduction à la politique]]*. Elle est parue dans l'ouvrage *Permanence de la philosophie - Mélanges offerts à Joseph Moreau*, édition La Baconnière-Payot, Neuchâtel, 1977. Assurément un document incontournable. - Et toujours de Marcel De Corte, pour mieux comprendre à titre de recherche expérimentale, l’inanité d’une vision personnaliste de l’*Exposition* de l’Ethique on se reportera à : Marcel De Corte, *De la tempérance*, éd DMM 1982.[^20] [^20]: Un excellent exercice intellectuel consisterait à noter avant lecture les idées que l’on se fait habituellement sur la vertu de tempérance pour découvrir ensuite chez Thomas d’Aquin ce qu’est réellement pour lui cette vertu. L’auteur insiste sur le fait que la philosophie politique d’Aristote et Thomas d’Aquin est une philosophie de l’animal social. "Ce n’est en aucune manière une philosophie personnaliste ou humaniste comme trop de thomistes la considèrent depuis la Renaissance et l’instauration du culte de l’individu." (p 14, note 26. Cf aussi p. 7, note 9). 5. **Les lois** Commentaire pour débutant : - de Midelt Bernard, *A quoi servent les lois* ([[A quoi servent les lois|édition numérique]]). Commentaire exhaustif, nettement plus technique : - Laversin M-J, *Notes* *explicatives et Renseignements techniques sur le Traité général de le Loi*, *Somme Ttéologique*, Ia IIae 090- 97 ([[Laversin (1935) Commentaire Ia-IIae 090-97 Loi|édition numérique]]). - Vernier Jean-Marie, *Le droit chez Aristote et st Thomas*, Vu de haut n°7, éd Fideliter 1988 ([[Vernier (1988) Droit chez Aristote et St Thomas.pdf|édition numérique]]) - Bastit Michel, *Naissance de la loi moderne* *– La pensée de la loi de saint Thomas d’Aquin à Suarez*, éd PUF 1990 Sur la distinction fondamentale entre loi naturelle (Somme théologique, Ia-IIæ, q 94) et droit naturel (Somme théologique, IIa-IIae, q 57 a 3) : - Huten Nicolas, *Le tournant de la pensée catholique*, *Catholica* n° 155 été 2022 6. **Pour ceux qui souhaiteraient compléter cette vision générale de la science politique** de l’aquinate, nous conseillons les dix livres ou brochures suivants : - Bouillon Victor, *La politique de saint Thomas*, 1927 ([[Bouillon (1927) La politique de saint Thomas.pdf|édition numérique]]) - Lagor Jean-Louis, *La philosophie politique de saint Thomas d’Aquin*, Les éditions nouvelles, 1948 (pseudonyme de Jean Madiran) - Lachance Louis op, *L'humanisme politique de saint Thomas d'Aquin - individu et Etat*, éd Quentin Moreau 2014 (premières éd 1939 et 1965) - Midelt Bernard, *Peut-il exister une politique chrétienne ?,* éd DPF 2009 - De Koninck Charles, Œuvres - *La primauté du bien commun*, tome II, volume 2, édition corrigée PUL 2023 (première éd partielle 1943) - Lucien Bernard, *Situation de la philosophie politique selon saint Thomas***, revue Sedes Sapientiae n° 21 et 22, 1987 - Bernard Dumont, Miguel Ayuso, Danilo Castellano, *La dignité humaine - Heurs et malheurs d'un concept maltraité*, 2020 - Ayuso Miguel et alii, *Le bien commun, questions actuelles et implications politico-juridiques*, éd Hora decima 2021 - Rulleau Bernard, *Homo politicus - Introduction à la philosophie politique à l'école d'Aristote et de saint Thomas d'Aquin*, éd Quentin Moreau 2023 - De Corte Marcel, *Réflexion sur la nature de la politique* *et autres textes* de la revue L’Ordre français (à paraître) Tous ces ouvrages, sauf mention contraire, sont disponibles comme indiqué supra. Les documents signalés comme « édition numérique » sont susceptibles d’être enregistrés gratuitement, en envoyant un courriel se référant à cet article, en précisant le fichier souhaité, à l’auteur de l’article. [[Midelt Bernard de (1934-2024)|Bernard de Midelt]] ## Annexe 1 ^56b08a ### THOMAS D’AQUIN, Le De Regno **Éléments introductifs au De Regno de Thomas d’Aquin** **Première partie** **Sur l’authenticité** : Le *De regno* "est-il une œuvre authentique de Thomas d’Aquin ? Après des siècles de controverse, la réponse semble avoir été tranchée, elle est positive."[^21] [^21]: Introduction de D. Carron à *La Royauté*, éd Vrin 2017, p 20. **Sur le destinataire** : "Les arguments en faveur de cette option, Hugues d’Antioche-Lusignan, futur Hugues III, déjà proposé pour certains, par Echard au XVIIIe siècle, ont convaincu un grand nombre de chercheurs."[^22] [^22]: Op cit, p 23. **Sur l’homogénéité de la démarche de Thomas d’Aquin dans le De Regno et dans son Expositio in libros Politicorum Aristotelis** : Dans le *De Regno*, Thomas d’Aquin "fait référence cinq fois à la *Politique* (d’Aristote), de manière explicite et l’utilise au moins seize autre fois, en particuliers les livres V-VII".[^23] [^23]: Op cit, p 25. **Sur la datation du De Regno** : Ces reports fréquents sur la *Politique* d’Aristote "conduirait à dater l’opuscule des années 1270-1273…ce qui peut expliquer son inachèvement, au même titre que le *Commentaire de la* *Politique* ou que la *Somme théologique* et à identifier (à nouveau) le destinataire comme étant Hugues III."[^24] [^24]: Op cit p. 26. **Deuxième partie** **Pour une lecture plus attentive du De Regno vérifiant sa distinction pouvoir temporel – pouvoir spirituel (ie ordre naturel/ordre surnaturel)** : Dans le *De Regno* il apparait clairement que Thomas d’Aquin "attribue au pouvoir temporel une valeur intrinsèque, indépendamment du pouvoir spirituel, comme expression de l’ordre naturel et rationnel".[^25] [^25]: Op cit, p 69. On trouve confirmation de cette thèse dans James A. WEISHEIPL : « Dans *De regno,* en I, 24[^26], l'auteur reconnaît en fait que la fin poursuivie par le roi est le souci du "bien commun de la multitude", ce qui est un droit naturel qui lui revient par nature. [^26]: De Regno, livre premier, chapitre I, *in fine*. "Le droit divin qui vient de la grâce ne détruit pas le droit humain qui vient de la raison naturelle." *(Sum. theol.,* II-II, 10, 10). Selon Aristote *(Éthique,* I, 1, 1094, a, 14), l'ordre des fins est parallèle à l'ordre des agents : « Dans tous les cas, les fins que s’assignent les disciples maîtresses sont préférables à toutes celles qui leur sont subordonnées, car **c’est en fonction des premières qu’on poursuit également les secondes**. » C'est pourquoi l'origine du pouvoir du roi n'est pas le pape, mais la raison naturelle. L'ordre de la grâce ne détruit jamais l'ordre de la nature et ne le supplante pas. Le salut des âmes, dont le souci revient au pape de par le droit divin, ne peut pas détruire ou remplacer le « bien commun de la multitude » dont le souci revient au souverain séculier de par le droit naturel. L'auteur du *De regno,* I, 14, parle seulement en termes généraux, qui peuvent être compris de façon juste dans le sens de *Sent.* II, dist. 44 : *Sent.* II, dist. 44 : > [!quote] > « Les pouvoirs spirituel et temporel (*saecularis*) découlent tous les deux du pouvoir divin ; et le second est par suite soumis au premier dans l’exacte mesure où Dieu l’y a subordonné, soit en tout ce qui concerne le salut de l’âme : aussi faut-il en cela obéir plutôt au pouvoir spirituel qu’au pouvoir temporel. Mais en tout ce qui touche au bien de la Cité, il faut obéir plutôt au pouvoir temporel qu’au pouvoir spirituel, selon le passage de Matthieu : *Rendez à César ce qui est à César* (22, 21)… » (Thomas d’Aquin, *Sent*., Livre II, dist. 44, q. 2, a. 3).[^27] Certes l'aquinate parle aussi de la soumission des rois mais en resituant le passage dans l'enseignement habituel (antérieur et postérieur) de S. Thomas, on ne voit pas comment les rois échapperaient à une mention dans l'ordre surnaturel. Et dans cet ordre-là, que pourrait-on en dire d'autre que ce que dit l'aquinate ? Il ne suffit donc pas que le mot "*roi*" soit prononcé pour que le débat soit porté dans l’ordre naturel. Cette distinction est parfois mieux soulignée dans certaines traductions du *De Regno*, comme par exemple : I.-1 Thomas d’Aquin, DE REGNO, Texte français de Abbé Bandel, éditions Louis Vivès, 1857, *La royauté temporelle et la Royauté du Christ. Distinction du spirituel et du temporel* **Donc le ministère de ce royaume, afin que le spirituel soit distingué du temporel, est confié non aux rois terrestres mais aux prêtres, et principalement au Grand-Prêtre, successeur de Pierre**…[…] Et parce que dans l’Ancienne Loi des biens temporels étaient promis au peuple pieux, non par le démon, mais par le vrai Dieu, nous lisons dans la Loi Ancienne que les prêtres étaient soumis aux rois. Mais **sous la Loi Nouvelle[^28]**, il existe un sacerdoce plus élevé par qui les hommes sont traduits aux choses célestes : c’est pourquoi **dans la loi du Christ les rois doivent être soumis aux prêtres.** **En conclusion, certes, une (seule) finalité de l’Homme, absolument ultime, mais double.** Nous renvoyons pour établir cette proposition à un des théologiens les plus célèbres du XXe siècle : - Texte français du p. Guérard op, in *Dimensions de la Foi, excursus III* (cours du Saulchoir 1945, *imprimatur* 10 juillet 1951) qui cite l’aquinate : > [!quote] > « Le bien ultime de l’homme, celui qui meut premièrement la volonté parce qu’il est fin ultime, est double. » (S. Thomas d’Aquin, *De Veritate*, question 14, article 2). Voici donc ce qu’écrit le p. M-L Guérard op, *op cit.*, t 2, p 226 : > [!quote] > Aristote résout la question "par une distinction fort importante qui a été reprise par les scolastiques et qui est d'usage courant en théologie. On ne doit pas dire qu'il y a deux causes finales, l'une transcendante, l'autre connaturelle, mais que la cause finale comporte en elle-même une double modalité"[^29]. Cf. à ce sujet : Jean-Hervé Nicolas op, *Les profondeurs de la grâce*, éd Beauchesne 1968, p 393 : > [!quote] > « Le surnaturel n'est pas une seconde nature, superposée à la première, et comme un nouveau registre, la personne pouvant passer alternativement de celui de la nature à celui du surnaturel. Non seulement la notion aristotélicienne de nature n'impose pas ce séparatisme ruineux, mais il le rend tout simplement absurde. **Dans une telle conception** (à vrai dire plus imaginative qu'intellectuelle) **la personne humaine ne serait nullement élevée au surnaturel, mais une autre personne serait créée à sa place**, et créée dans une « nature surnaturelle » n'étant autre que la nature de Dieu, qui, évidemment, ne saurait être créée. […] > > La surnaturalisation de la personne humaine, pour être totale, ne supprime pas les finalités naturelles de l'action humaine et ne les rend pas non plus formellement surnaturelles. La personne humaine divinisée reste placée en face de ses tâches temporelles, et c'est ce qui explique qu'elle puisse vivre sur la terre en communion et en collaboration intime avec d'autres hommes qui ne reconnaissent pas d'autre fin à l'homme et à son action que l'accomplissement de ces tâches. » Ainsi la cause finale de l’Homme "comporte en elle-même une double modalité". Ce qui n’est pas incompatible avec l’existence de deux ordres, naturel et surnaturel. Le mot *ordre* étant entendu au sens de Thomas d’Aquin, in *Exposition du traité des métaphysiques* d'Aristote.[^30] Deux ordres donc, qu’il ne faut pas confondre avec deux "domaines". Et l’ordre naturel n’étant en aucune manière un ordre particulier de l’ordre surnaturel. (Cf. Pie XII, *Humani generis*, Paragraphe 31, 1950). Proposons une conclusion empruntée à J. de Tonquédec qui critique les "philosophes" : > [!quote] > Les philosophes « n’ont pas non plus l’idée de deux ordres distincts entre lesquels, seule, la libre condescendance divine pratiquerait une ouverture et un passage. ».[^31] Note : On voit que ces développements apportent une réponse appropriée aux questions que Michel Villey pouvait se poser légitimement en 1987 : > [!quote] > « [...] quand Maritain se convertit à la foi chrétienne, ses directeurs sympathisants de l'Action française alléguaient à l'appui de leur cause (comme fait aujourd'hui l'abbé de Nantes) l'autorité de saint Thomas. En ce sens, ils citaient un ouvrage dont la tradition lui attribuait les premières pages, qu'ils firent éditer et traduire sous les deux titres, *De regno*, et *De regimine principum*. Il est de fait que ces pages farcies de néoplatonisme et de citations de l'Écriture sainte sur la royauté davidique, et aussi éloignées que possible du style de la Somme, sont un plaidoyer pour l'ancienne monarchie sacrale. Je réponds que l'authenticité de cet opuscule était douteuse, je préfère m'en tenir à la doctrine de la Somme, où il est certain que saint Thomas exprime sa pensée. » Extrait de Villey Michel, « *La théologie de Thomas d'Aquin et la formation de l'État moderne* » in Théologie et droit dans la science politique de l'État moderne, Actes de la table ronde de Rome (12-14 novembre 1987), Rome : École Française de Rome, 1991. pp. 31-49. **ANNEXE 2** ^31afe3 ### Étude critique de J-B ÉCHIVARD et sa notion de BIEN COMMUN in son commentaire de l’*EXPOSITION de l’ÉTHIQUE* d’Aristote par THOMAS D’AQUIN Note sur l’usage du mot *commun*, utilisé au sens de "*commun à plusieurs*" chez J-B Échivard par opposition au même mot dans "*bien commun*" chez Aristote et Thomas d’Aquin[^32] Différence chez Thomas d’Aquin entre *commun par prédication* et *commun par participation* J-B ÉCHIVARD, Exposition de l'Éthique à Nicomaque (d’Aristote) par Thomas d’Aquin Note – Commentaire, note 33, p 135.[^33] > [!quote] > « La fin du texte (1. 199-202) est intéressante : « Mais il dit qu'à la Politique il revient de considérer la fin ultime de la vie humaine dont il parlera cependant dans ce livre, parce que l'enseignement de celui-ci contient les premiers éléments de la science politique. » > > C'est bien affirmer que le premier Livre de l'*Éthique à Nicomaque* contient les premiers éléments de la Politique. […] > > C'est bien évidemment la définition même du bonheur qui oriente la Politique. L'Éthique définit le bonheur, en donne les composants essentiels qui devront se retrouver dans tout acte. Il lui appartient sans doute de dire ce qui fait du bonheur un bonheur authentiquement humain, moral, et il appartient à la Politique de disposer la volonté non seulement à désirer un bien personnel, mais à **s'ordonner à un bien commun**, comprenant ainsi qu'une personne ne se réalise comme personne que dans une activité communautaire (familiale, professionnelle etc.), **une activité commune à beaucoup** et qui permet de réaliser le meilleur d'elle-même. L'Éthique, partie plus 'monastique', donne les 'éléments' du bonheur, et la Politique étudie comment mettre en œuvre ces éléments en les ordonnant effectivement à un bien commun. » **Bien commun et Bien commun par attribution : différences** Illustrons d’abord par un exemple ce que nous nous proposons d’établir : soit un père de famille qui distribue un même livre à chacun de ses proches. Ce livre est un bien communiqué à tous par une personne : ce bien est donc « commun ». Mais Thomas d’Aquin s’emploie à distinguer ce bien dit commun du véritable *bonum commune*, car quelque chose peut être commun de deux manières. Ce livre, ce bien, n’est commun qu’en tant qu’il existe un prochain pour en jouir lui-aussi. Il cesserait d’être commun s’il n’y avait pour le recevoir qu’un seul récipiendaire. Autrement dit, il n’est commun que *per accidens*[^34]. On devrait le nommer plus justement *bien singulier collectif*[^35]. Dans le vocabulaire technique thomiste ce type de bien se nomme « bien commun selon la prédication[^36] ». Charles de Koninck souligne que ce genre de "bien" qui n’est pas objet d’appétit[^37] « n’est par conséquent pas du tout un bien au sens propre[^38] ». Voici ce qu’en écrit Thomas d’Aquin : « *on dit que quelque chose est commun de deux manières.* **D’une manière, par prédication** **: mais alors ce qui est commun à plusieurs choses n’est pas un selon le nombre ; c’est en ce sens qu’un bien corporel est commun.** *D’une autre manière, quelque chose est* **commun par participation** *à une seule et même chose en nombre : ce caractère commun peut se trouver dans ce qui concerne l’âme, car on atteint par elle ce qui est le bien commun de toutes choses, à savoir, Dieu*[^39] ». *In fine*, on retiendra que le bien commun politique n’est jamais « commun » si l’on entend *commun* au sens trivial du terme. [^10]: De Thieulloy Guillaume, *Antihumanisme intégral – l’augustinisme de Jacques Maritain*, éd Téqui 2006, p 121. [^11]: Maritain Jacques, *Humanisme intégral*. Un « Humanisme théocentrique » : c’est un oxymore (figure de rhétorique caractérisée par un assemblage de mots apparemment contradictoires) qui conduisait d’ailleurs Marcel De Corte à taxer Maritain d’angélisme. [^12]: Meinvielle Julio, *Critique de la conception de Maritain sur la personne humaine*, pp 54, 79 et 241. [^27]: James A. Weisheipl, *Frère Thomas d’Aquin, sa vie, sa pensée, ses œuvres*, 1993, p 218. [^28]: Note de BM : c’est nous qui soulignons. Ainsi la "loi nouvelle" religieuse remplace la "loi ancienne" religieuse mais évidemment pas la loi naturelle qui n’est pas une *loi nouvelle*. [^29]: *Modalité* : n. f. didactique. Qualité, manière d'être. La glace, la vapeur sont des modalités de l'eau. [^30]: Cf. Thomas d’Aquin, *Commentaire du traité des métaphysiques* d'Aristote (Traduction par Serge Pronovost, 2016) : 750\. […] Et il procède selon cet ordre parce que le nom "principe" est plus commun que le nom "cause" : il est possible en effet d’être principe sans être cause tout comme le principe du mouvement se dit du terme à partir duquel procède le mouvement. […] 751\. Mais il faut savoir que le principe et la cause, bien qu’identiques quant au sujet, diffèrent cependant quant à la notion. Car le nom de principe implique un certain ordre, alors que celui de cause implique de son côté une influence sur l’être de ce qui est causé. [^31]: Joseph de Tonquédec, *Deux études sur La Pensée de M Blondel*, p 166, en note. [^32]: Extrait pour l’essentiel de la brochure (à paraître) : B. de Midelt, *La cité pour l’homme ou l’homme pour la cité ? selon la pensée politique de Thomas d’Aquin* [^33]: In J-B ÉCHIVARD, *Une introduction à la philosophie – Les proèmes des lectures de saint Thomas d’Aquin aux œuvres principale s d’Aristote*, tome 3 Philosophie morale et politique, éd FX de Guibert [^34]: *per accidens* : est *per accidens* ce qui est rattaché à une réalité de façon contingente. [^35]: Autre exemple de bien commun par prédication : une autoroute est un bien matériel mais est-ce un véritable « bien commun »? En réalité par le mode du péage le conducteur passe un contrat l’autorisant à utiliser un emplacement qui lui est réservé à l’instant T, sur un parcours de son choix. Aucun autre automobiliste ne peut utiliser ce même emplacement au même moment (sauf « accident »). Une autoroute est un bien singulier collectif, un bien commun par prédication. [^36]: Bien commun selon la prédication : dans le vocabulaire de Thomas d’Aquin : *bonum commune in prædicando*. En l’absence d’une véritable traduction pour *bonum commune in prædicando*, on peut proposer aussi : « bien commun par attribution ». La philosophie scolastique médiévale nomme « prédicat » une qualité qui peut être **attribuée** à un sujet à l'aide d'une copule (ie le verbe *esse* en latin, *être* en français). La relation entre « bien » et « commun » existe bien dans le cas de la prédication, mais c’est une relation accidentelle. Autrement dit le bien commun par attribution est *un bien qui est commun* (sujet, verbe être et prédicat), mais ce n’est pas un « bonum commune » au sens où l’on entend ce signifiant composé lorsqu’on parle du « bien commun » de l’État ou du « bien commun » de l’Église. [^37]: Le véritable bien doit être objet d’appétit : « le bien est le mieux défini par ceux qui disent qu’il est ce que toutes choses **désirent** en tant qu’elles désirent leur perfection C’est pourquoi la raison de bien consiste principalement en ceci qu’une chose en parfait une autre à la manière d’une fin. » (Thomas d’Aquin st, *De Ver.*, q 21, a 1, resp.). [^38]: De Koninck Charles, Œuvres - *La primauté du bien commun*, tome II, volume 2, éditions PUL 2010, p 291. Dans l’exemple du père de famille distribuant un livre, on remarquera que ce n’est pas le livre qui est véritablement un bien, mais la connaissance que cet ouvrage est susceptible de procurer. [^39]: Thomas d’Aquin st, [22532] *Super Sent*., lib. 4 d. 49 q. 1 a. 1 qc. 1 ad 3. De Koninck Charles, *op cit*, p 272. Cf. aussi De Koninck Charles, *op cit*, Introduction de S. Luquet, p 79.