# Principes de politique par Jean-Marie Vernier, séance 8 : le bien commun politique (suite et fin)
Lors de cette 8e séance du 10 juin 2024, nous poursuivons l'étude du concept du **bien commun politique**.
Le thème correspond au chapitre 3 ("_Le bien commun, fin de la société politique_") de l'ouvrage du professeur Vernier.
## Vidéo du cours
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## Enregistrement audio du cours
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## Références de la séance
Voici les références des trois occurrences de la Somme théologique que le professeur Vernier nous a indiquées pour cette séance :
- Ia-IIae, q. 85, art. 5 et 6;
- Ia, q. 94, art. 1 et 3
- Ia-IIae, q. 109, art. 2.
Un texte du _De Regimine Principum_ de S. Thomas a été étudié pendant le cours. Ce document est extrait du chapitre 5 de l'ouvrage du professeur Vernier ([https://hommenouveau.aboshop.fr/common/product-article/583](https://hommenouveau.aboshop.fr/common/product-article/583)) qui forme la base du cours.
#### L’articulation puissance politique-sacerdoce catholique : saint Thomas d’Aquin, *Sur le gouvernement des princes*[^1] :
[^1]: Comme indiqué en note dans l’Appendice du chapitre 3 -III Le prince chrétien- en latin médiéval, le princeps est celui qui gouverne ou commande ; chez les juristes et canonistes il tend à désigner celui qui détient le pouvoir civil ( avec un renvoi à la communication de Marcel Pacaut, « Recherche sur les termes « Princeps, principatus, prince, principauté » au Moyen Âge » dans les Actes des congrès de la Société des historiens médiévistes de l'enseignement supérieur public, 4ᵉ congrès, Bordeaux, 1973. *Les Principautés au Moyen-Age*. pp. 19-27.
« Mais parce que l’homme vivant selon la vertu est ordonné à une fin située au-delà qui consiste en la fruition de Dieu, comme nous l’avons déjà dit au-dessus, il faut que la fin de la multitude humaine soit la même que celle d’un seul homme. Donc la fin ultime de la multitude rassemblée n’est pas de vivre selon la vertu mais de parvenir par la vie vertueuse à la fruition divine.
818\. - Or si, certes, l’on pouvait parvenir à cette fin par la puissance de la nature humaine, il serait nécessaire qu’appartienne à l’office du roi de diriger les hommes vers cette fin. En effet, nous supposons qu’est nommé roi celui auquel la puissance suprême du gouvernement[^2] dans les choses humaines est confiée. Et un gouvernement[^3] est d’autant plus sublime qu’il est ordonné à une fin plus élevée. De fait, l’on découvre toujours que celui à qui appartient la fin ultime commande à ceux qui produisent ces [moyens] qui sont ordonnés à la fin ultime ; comme le commandant auquel il appartient de disposer de la navigation commande à celui qui établit les plans du navire de devoir construire un navire tel qu’il soit apte à la navigation ; [de même] l’homme politique qui utilise les armes commande au forgeron quelles armes fabriquer.
[^2]: « Summa regiminis ».
[^3]: « Regimen ».
Mais parce que l’homme n’atteint pas la fin de la fruition divine par une vertu humaine, mais par une vertu divine, selon cette parole de l’Apôtre dans l’*Epître aux Romains* VI, 23 : *La grâce de Dieu [est] la vie éternelle*, conduire à cette fin ne relèvera pas d’un [gouvernement] humain, mais d’un gouvernement divin. C’est pourquoi le gouvernement de cette sorte appartient à ce roi qui est non seulement homme, mais aussi Dieu, à savoir à Notre Seigneur Jésus-Christ qui, faisant les hommes fils de Dieu, [les] introduisit dans la gloire céleste.
819\. - C’est pourquoi c’est là le gouvernement qui lui est transmis, [gouvernement] qui ne sera pas détruit, en raison de quoi il est nommé non seulement prêtre mais [aussi] roi dans les Ecritures sacrées, Jérémie disant au chapitre XXIII, verset 5 : *Le roi règnera et il sera sage* ; par suite, de celui-ci est dérivé un sacerdoce royal. Et, ce qui est davantage, tous les fidèles du Christ en tant qu’ils sont ses membres sont appelés rois et prêtres. Donc le ministère de ce royaume, afin que les [réalités] spirituelles soient distinctes des [choses] terrestres, n’est pas commis à des rois terrestres mais aux prêtres, et principalement au Souverain Prêtre, successeur de Pierre, Vicaire du Christ, Pontife Romain auquel il faut que tous les rois du peuple chrétien soient soumis comme au Seigneur Jésus-Christ lui-même. Ainsi, en effet, à celui à qui le soin de la fin ultime appartient doivent être soumis ceux auxquels appartient le soin des fins antérieures et [ils doivent] être dirigés par son commandement.
820\. - C’est pourquoi, parce que le sacerdoce des nations païennes et le culte tout entier des [choses] divines avaient pour cause les biens temporels à conquérir, [biens] qui étaient tous ordonnés au bien commun de la multitude dont le soin incombe au roi, il convenait que les prêtres des nations païennes soient soumis aux rois. Mais également parce que dans l’ancienne Loi les biens terrestres étaient promis comme devant être procurés au peuple religieux non par les démons, mais par le vrai Dieu, il découle que dans l’ancienne Loi aussi on lit que les prêtres ont été sujets des rois. Mais dans la nouvelle Loi, il existe un sacerdoce plus élevé par lequel les hommes sont conduits [au travers des choses de ce monde] vers les biens célestes ; par suite, dans la Loi du Christ les rois doivent être sujets des prêtres.[^4] ».
[^4]: *Sur le gouvernement des princes*, dans *Opuscula philosophica*, éd. R. M. Spiazzi, Turin, Marietti, 1954, L. I, c. 15, n° 817-820, pp. 274-275.