# 28-12-58
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### Préambule
CE NUMÉRO publie la « Déclaration fondamentale » de la revue ITINÉRAIRES. Non qu'il s'agisse de la fondation de la revue, ni d'une nouvelle fondation. Mais des buts et des principes sur lesquels notre action se fonde, c'est-à-dire s'appuie. De son inspiration essentielle.
Fondée en mars 1956 -- et nous étions alors moins nombreux et moins écoutés qu'aujourd'hui -- la revue ITINÉRAIRES publiait une « Déclaration liminaire » dont la direction est maintenue, mais dont les perspectives peuvent maintenant et doivent être considérablement précisées et complétées. Elles peuvent l'être, parce que depuis le seuil de 1956, nous avons cheminé dans la direction indiquée. Ce que nous « déclarons » aujourd'hui, ce n'est plus seulement ce que nous nous proposons, mais ce que nous avons vécu, ce qui constitue déjà notre témoignage effectif et non pas seulement projeté, ce pour quoi se sont assemblées avec nous des sympathies, des collaborations, des amitiés.
Les difficultés objectives d'une action comme la nôtre, et nos propres insuffisances et imperfections, ont pu, même pour des regards non malveillants, confondre et brouiller l'essentiel de notre entreprise avec l'accidentel. Il importe donc de déclarer avec une netteté et une précision explicites ce qui est l'essentiel.
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CEUX QUI NOUS ONT SUIVIS depuis le premier jour de mars 1956 retrouveront dans notre « Déclaration fondamentale » tous les points de notre « Déclaration liminaire », réaffirmés, précisés, complétés dans toute leur dimension. Ils les retrouveront tous à l'exception d'un seul.
La recherche directe et immédiate du « dialogue » tenait une grande place dans notre première Déclaration. Elle a été au premier rang de nos travaux, de nos initiatives, de nos efforts pendant deux ans et demi. A cet objectif utile et honnête (mais non point suprême, ni inconditionnel), nous avons consenti longuement et fréquemment des sacrifices manifestes, et sans doute même le sacrifice excessif d'une indispensable hauteur, dans l'intention de nous mettre résolument de plain-pied avec le niveau de certains débats publics tels qu'ils sont en fait. L'histoire, ou la petite histoire, de ces longs efforts menés aux approches, au contact, voire au centre de lieux ou l'atmosphère est spirituellement irrespirable, cette petite histoire contemporaine, il ne nous paraît plus nécessaire aujourd'hui de la raconter à ceux qui l'ignorent ou de la rappeler à ceux qui l'oublient. Cette page, elle est tournée, non sans que ses conséquences et ses leçons aient été très exactement tirées là ou elles devaient l'être.
Nous n'avons pas le droit (ni d'ailleurs le goût) de nous mettre en retard dans nos travaux simplement pour attendre ceux qui refusent qu'on les aide à avancer. Ils trouveront toujours en nous, s'ils le désirent, des interlocuteurs fraternels. Mais nous ne pouvons le désirer à leur place.
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Ni consentir à l'immobilisme, encore moins à l'éternisation de débats purement rétrospectifs, sous prétexte que, parmi tous ceux que nous aurions voulu aider à sortir des vieilles ornières, il en est encore plusieurs qui s'y complaisent sans se rendre compte de l'endroit ou ils sont. Ils prennent d'ailleurs pour agressions polémiques les remarques charitables que prudemment l'on tente de soumettre à leur jugement.
Au demeurant, tout n'est pas toujours possible ; et c'est pourquoi les progrès et les renaissances ne se font pas uniquement par la réforme intérieure de toute une génération, il y a souvent un déchet ; les progrès et les renaissances se font aussi par la relève des générations. Nous devons aller de l'avant. Et nous allons de l'avant, avec une tranquille allégresse, dans l'espérance de ce nouveau printemps chrétien sur le monde annoncé par Pie XII. Il est temps, disait-il : c'est tout un monde qu'il faut refaire selon le cœur de Dieu. Cette espérance, cette promesse, cette direction, leur sort est entre nos mains, laissé à la liberté de ceux qui, aujourd'hui et demain, entreprennent de tout restaurer dans le Christ.
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LE MOUVEMENT, s'il est décidé, s'il est véritable, s'il accepte de porter la Croix, emportera tout. Il se peut que notre intention de discussion patiente sur les implications pratiques d'un tel dessein, et que nos efforts méthodiques d'estimation du « pour » et du « contre » dans tous les avis exprimés même aux niveaux intellectuellement (voire moralement) les moins élevés -- et nous avons pris en considération objective et attentive même (et quelquefois surtout) ceux qui se veulent ou se croient nos mortels adversaires -- aient été interprétés comme « polémiques ».
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Sans doute une telle interprétation était-elle humainement peu évitable. De toutes façons, un tel débat est d'hier. Notre attitude effective, qu'elle ait ou n'ait pas été adéquate à nos intentions, notre attitude à ce niveau inférieur, en ce lieu ambigu ou étouffant des discussions publiques d'homme à homme, ne prêtera plus à interprétations diverses : car ce lieu et ce niveau, que nous avions pris tels qu'ils étaient, et ou nous étions allés là ou ils se trouvaient. Ce lieu et ce niveau nous les avons quittés peu à peu, sans bruit et sans éclat, et voici que nous en sommes tout à fait sortis. On n'aura chance de nous y retrouver, si l'on y tient, que lorsque ce niveau se sera élevé, et ce lieu assaini. Et si notre avis pouvait d'aventure y contribuer, il nous suffit de l'avoir assez complètement et assez longuement donné.
Nous allons de l'avant parce que les solutions effectives sont toujours en avant, et non dans ce qui peut ressembler, ou ouvrir la voie, à des récriminations rétrospectives. Nous allons de l'avant parce que cela est possible ; parce que le véritable état spirituel, mental et moral de la population française, et spécialement du peuple chrétien de France, n'est pas du tout celui que pourraient faire croire beaucoup des intellectuels qui prétendent, dans les congres, les chaires et les journaux, représenter ou exprimer la conscience nationale. Plutôt que d'aller contredire un par un les organisateurs de ce divorce, nous préférons répondre positivement à l'attente, à l'espérance, à la volonté qui se manifestent dans les profondeurs d'un pays désireux de vérité, de bien commun et d'unité.
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Répondre à cette attente, répondre à cette espérance, c'est étudier, trouver, mettre en œuvre chaque jour les moyens pratiques de faire enfin passer dans la vie, dans les actes, dans les mœurs, cette réforme intellectuelle et morale que tout le mouvement des pensées et des âmes en France cherche depuis plus de cinquante ans à réaliser. « Il est temps. »
Jean MADIRAN.
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### Déclaration fondamentale
I
Le Christ est la Voie, la Vérité, la Vie. Nous recevons telle qu'elle se définit elle-même la doctrine qu'enseigne l'Église catholique ; Nous y trouvons la règle de nos pensées et de nos actes. Nous lui rendons le témoignage de notre foi publiquement exprimé et, s'il plaît à Dieu, de nos œuvres.
Nous croyons qu'un catholique se reconnaît pratiquement à ce que rien ne peut l'empêcher de répondre « oui » à la question : « êtes-vous catholique ? » chaque fois que cette question lui est posée et même sans qu'elle lui soit posée. Nous faisons donc entendre ce « oui » même lorsqu'on ne nous interroge pas, à temps et à contretemps.
II
La fidélité dans la doctrine et l'unité dans la discipline ne peuvent être maintenues que sous l'autorité du Pape et des Évêques en communion avec le Pape.
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C'est l'Église qui conserve et qui traduit la définition des droits et des devoirs. Elle enseigne aux hommes à rendre à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu. Ce faisant, elle est la protectrice de la dignité des consciences, de la responsabilité personnelle selon chaque état de vie, et des libertés fondamentales.
Les limites de l'obéissance ne sont pas réduites à celles de l'infaillibilité. Un catholique ne cherche pas à restreindre les domaines où, selon les besoins de chaque époque, le Vicaire de Jésus-Christ précise les implications et conséquences de l'ordre naturel et de la Révélation. Nous n'éprouvons là aucune entrave à la liberté de la pensée, nous en recevons au contraire la condition et la garantie. Car ce qui embarrasse la liberté de la pensée, ce sont les infirmités humaines, dont l'Église travaille à libérer tous les hommes, y compris les hommes d'Église. La liberté de la pensée est de pouvoir atteindre la vérité.
III
Dans le temporel nous travaillons pour l'éternel. L'Église nous invite à prier, souffrir et combattre avec elle, par les moyens de Dieu, pour les motifs de Dieu, à l'accomplissement du plan de Dieu qui est l'achèvement du nombre des élus.
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Tel est l'unique sens de l'histoire par rapport auquel se situent tous les actes, toutes les vocations, toutes les destinées ; et toutes les fins intermédiaires de l'ordre temporel, quelles que soient leur consistance et leur dignité propres. Le sens de l'histoire est de tout restaurer dans le Christ, par l'effusion des grâces de la Rédemption.
La crise moderne est une crise de finalité, c'est-à-dire une crise de l'espérance. L'homme a perdu le souvenir de sa patrie céleste. Le sens de l'histoire est donné sur la terre par l'espérance du Ciel.
IV
Le plus grand péril temporel pour le bien commun de la famille humaine est aujourd'hui l'appareil publicitaire, idéologique, politique, militaire et policier du communisme soviétique, avec sa multitude de militants hors-cadres, d'agents conscients et d'auxiliaires inconscients. Le communisme est au XX^e^ siècle la forme la plus achevée de l'injustice sociale, du colonialisme inhumain, de l'exploitation de l'homme par l'homme. Instrument d'une fausse libération et d'une fausse rédemption, il impose une nouvelle forme d'esclavage, la plus totale que l'histoire ait connue jusqu'ici, parce qu'elle est la plus radicale négation du droit naturel et surnaturel.
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La résistance aux entreprises de l'organisation communiste internationale est au premier rang des urgences temporelles. Elle n'est pas abolie, mais assumée par nos urgences spirituelles. La solution au communisme soviétique, et à tout le reste, se trouve essentiellement dans la prière de l'Église, dans la vie intérieure, dans la conversion permanente, dans les œuvres de la foi, de l'espérance et de la charité.
V
L'abaissement des nations européennes vient de la lutte intestine qu'elles ont menée, en elles contre le christianisme, entre elles pour la domination temporelle.
C'est seulement en reconnaissant ce qu'elles doivent à Jésus-Christ que les nations occidentales garderont leur raison d'être. Car elles ont reçu la foi avec mission de la transmettre à l'univers. La science leur fut donnée à cette fin. Mais cette science même finira par l'évanouissement, si elle est détournée de son but.
Les peuples chrétiens se sont essayés à vivre et à penser comme s'il n'y avait pas eu Jésus-Christ et comme si les lois qui expliquent la vie des peuples n'étaient pas des lois morales. Les nations chrétiennes devenues apostates se déchirent elles-mêmes dans leur aveuglement, et leur décadence est manifeste.
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Elle durera tant qu'elles n'auront pas compris que, depuis la Résurrection, la pensée divine, à chaque instant, nous confronte au Fils mort pour nous et qui nous a ouvert les portes de la Vie : nous y sommes appelés non point isolément, mais ensemble, comme il convient au peuple de Dieu. Expliquer les échecs de la société en excluant du principe de cette explication la responsabilité morale de la personne est l'erreur centrale de la pensée sociale moderne. La vie individuelle et la vie sociale sont ordonnées à Dieu et l'oubli de cette vérité mène les sociétés à leur perte. Depuis plus de cent cinquante ans les sociétés civiles avaient voulu élaborer leurs institutions en dehors de toute pensée religieuse : depuis ce temps elles n'ont jamais retrouvé la paix civile et les guerres internationales sont allées en s'aggravant.
VI
A la France en particulier, dont les divisions et les ruines politiques sont le fruit de l'apostasie religieuse, le Vicaire de Jésus-Christ a constamment renouvelé la recommandation de donner le pas, jusque dans les questions temporelles, à la religion qui unit sur la politique qui divise. C'est accidentellement une tactique et un programme. C'est essentiellement une attitude intérieure, une orientation de la conscience, et l'exercice même de la charité.
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C'est aussi un comportement que l'Église propose même aux incroyants de bonne volonté : le rôle social de la religion apparaît en effet, de manière imparfaite mais déjà appréciable, au regard de l'expérience historique et de la sociologie naturelle.
VII
Le monde a obscurément conscience d'une vocation de la France, et la voit sous l'aspect de la Déclaration des droits de l'homme. La France officielle a partout apporté une Déclaration des droits de l'homme libéré de Dieu, au lieu d'apporter la Déclaration des droits de l'homme libéré du péché. Il est en effet deux libérations et deux esclavages, et deux seulement : « Quand vous étiez esclaves du péché, vous étiez libres à l'égard de la justice. Maintenant vous êtes affranchis du péché et devenus esclaves de Dieu. »
La charte naturelle du droit, du devoir et de l'honneur est inscrite par le Créateur dans le cœur de chaque créature, et formulée par le Décalogue, dont l'observation est la condition nécessaire de la prospérité et de la paix des sociétés.
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La France est aujourd'hui en situation de montrer par la parole et par l'exemple, d'abord en Afrique, que les peuples, les races, les civilisations, quelle que soit leur diversité, trouvent dans le Décalogue une règle commune et un commun langage.
Mais dans l'état actuel de l'humanité il n'est pas ordinairement donné aux hommes de pouvoir observer le Décalogue sans avoir été rachetés et libérés, sans y consentir et sans y coopérer. L'aspiration à une libération et à une rédemption est une aspiration fondée, dont l'ardeur et l'espérance sont cela même que le communisme a entrepris de coloniser.
La seule aliénation de l'homme est le péché. La seule libération est la Vérité. La seule rédemption est Jésus-Christ.
VIII
Les problèmes qui se posent entre les hommes ne trouvent pas leur solution de l'homme à l'homme, mais de l'homme à Dieu. Le rapport naturel de fraternité entre les hommes *ne* peut être restauré qu'en retrouvant le rapport de filiation de l'homme à Dieu. Les hommes, les classes, les nations, les États ne peuvent se situer les uns par rapport aux autres qu'en se situant par rapport à Dieu.
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Notre époque croit découvrir la « dimension sociale » et la « dimension universelle ». Elle découvre surtout combien elle a souffert de les avoir perdues. Elle n'aperçoit pas assez que l'Église les lui redonne en temps opportun ou plus exactement, en avance sur les temps. Ceux qui reprochent à l'Église de n'être pas de son temps ont raison, mais ils ont raison en ceci qu'elle est du temps à venir, qu'elle nous y devance et nous y appelle. L'Église nous a rendu la dimension sociale en proclamant la royauté sociale de Notre-Seigneur Jésus-Christ, qui est depuis toujours l'essentiel de la tradition française : « Vous direz aux Français qu'ils fassent leur trésor des testaments de saint Rémy, de Charlemagne et de saint Louis, qui se résument dans ces mots si souvent répétés par Jeanne d'Arc : Vive le Christ qui est Roi de France. » (saint Pie X). L'Église nous a rendu la dimension universelle en consacrant le genre humain au Cœur Immaculé de Marie, et cela aussi a toujours eu place dans l'essentiel de la tradition française : car si toute terre chrétienne est une terre mariale, cette vérité a pris son relief dans l'histoire de la France, depuis son origine terre privilégiée de Marie.
IX
Mais le peuple français est un peuple privé de son histoire : celle qui nous est officiellement enseignée semble le plus souvent avoir été écrite par des ennemis de notre foi et des ennemis de notre patrie.
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La vie et l'œuvre, des saints, des héros et des génies français ne passent plus guère dans l'enseignement, et notre patrimoine moral est devenu comme un patrimoine officieux, connu et prolongé seulement par quelques-uns, en marge de la plupart des institutions scolaires et intellectuelles. Une caste de fausses élites, ou d'élites faussées, sociologiquement installée dans la presse, l'édition, l'école, l'université, l'administration et les partis, assure sa propre domination, et la diffusion d'idées erronées, en maintenant le plus grand nombre à l'écart du patrimoine intellectuel et moral de la nation française ; à l'écart aussi du patrimoine commun aux nations chrétiennes.
Les élites naturelles et véritables de la nation, dans tous les domaines de la pensée et dans beaucoup de professions, sont ordinairement sans pouvoir pour diriger et pour enseigner, réduites presque toujours à une influence marginale, précaire, officiellement méconnue, voire systématiquement contrecarrée ou étouffée.
Cette situation plus ou moins clairement aperçue est à l'origine de l'intention, si souvent conçue et proclamée de toutes parts, d'une réforme intellectuelle et morale.
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X
L'intention droite ne suffit à rien, et c'est ce qu'entend dire le vieil adage selon lequel la route de l'enfer est pavée de bonnes intentions. L'intention droite ne suffit à rien, parce qu'aucune activité ne peut atteindre son but qu'en se conformant à l'ordre naturel de la Création, qui se manifeste dans l'expérience des choses et des êtres. L'intention droite ne suffit à rien quand elle méconnaît l'ordre naturel et les lois propres de ce qui est à faire. Elle ne suffit à rien non plus quand, inversement, elle suppose que l'ordre naturel serait intact et qu'il pourrait être lui-même sans avoir été restauré dans le Christ. L'intention droite ne suffit pas, ou plutôt, une intention ne saurait être parfaitement droite qui se contenterait d'elle-même et tiendrait pour rien l'acquisition pratique des prudences et des techniques indispensables à tous les domaines de l'action et de la contemplation. La raison naturelle, l'observation, le progrès par l'expérience sont le jardin à cultiver en même temps qu'à restaurer, et les talents à faire fructifier, auxquels s'applique l'intention droite : les laisser en friche n'est pas moralement innocent. L'intention droite ne serait plus tout à fait droite, ni la vertu vertueuse, ni la charité vraiment charitable, qui inciteraient n'importe qui à faire n'importe quoi n'importe comment.
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Tous les ordres de la contemplation et de l'action requièrent l'apprentissage par l'exercice, et la confrontation des résultats de la pensée avec les réalités naturelles manifestées dans l'expérience personnelle et dans l'expérience historique. La connaissance théorique et générale de l'homme, que donne en principe la culture livresque, si précieuse soit-elle, ne contient pas forcément cette connaissance de la nature des choses qui s'acquiert principalement par l'expérience réfléchie, humble et patiente, d'un état de vie. En multipliant les états de vie artificiels, les travaux sans signification et sans responsabilité, la civilisation moderne dissuade ceux qui y sont placés de trouver dans la pratique de leur état de vie le plus universel et le premier moyen pour connaître l'existence et la consistance de l'ordre naturel ; l'intelligence est sociologiquement détournée de l'observation et de l'expérience vécues, elle est livrée aux idéologies des rhéteurs. L'enseignement participe à ce détournement en distribuant la lettre d'un savoir d'ailleurs souvent incertain, plutôt que l'esprit et la pratique de son acquisition. Vingt livres de recettes, fussent-elles éprouvées, n'ont jamais fait un homme de métier, manuel ou intellectuel ; pas plus que la natation ne s'enseigne par correspondance.
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La réforme intellectuelle et morale exige une réforme de l'enseignement et une réforme de la société qui sont organiquement liées et interdépendantes.
XI
Il y a en France des chrétiens en assez grand nombre pour former, fût-ce d'abord entre eux et à partir d'eux, une société chrétienne ; mais ils ont vécu depuis longtemps dans une société plus ou moins apostate dont ils ont souvent pris les *mœurs* et les manières de penser, enfermant leur religion dans le secret de leur vie privée ; ou encore, leur bonne volonté demeure trop ignorante de ce que doit être une société chrétienne où tout est restauré dans le Christ.
Aucune réforme temporelle n'est fructueuse, aucun accord humain n'est stable sans une conversion des cœurs. Cette conversion primordiale ne suffit pas. *L'heure est venue de l'effort collectif pour un renouveau chrétien de la société* (Pie XII). La conversion à Jésus-Christ prend conscience qu'elle est en même temps conversion à Sa royauté sociale. L'intercession du Cœur Immaculé de Marie est dispensatrice de paix et d'unité pour l'ensemble de la famille humaine. Les sociétés qui dans leur vie publique contestent les droits de Dieu abolissent dans leur fondement les droits de l'homme et deviennent impuissantes à en comprendre la nature morale et à en assurer le respect pratique.
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Quand le droit ne vient pas de Dieu, il ne peut venir que de l'homme : soit de l'anarchie individualiste, où chacun légifère librement pour soi-même, soit de l'arbitraire socialiste, où un groupe dirigeant légifère tyranniquement pour tous au nom de la société. Le premier péché, dans le premier jardin, consista en ce que l'homme prétendit se donner à lui-même sa loi. Sa traduction moderne est de croire qu'il appartient aux hommes tous ensemble, ou à leurs représentants, de se donner collectivement à eux-mêmes leur loi morale.
XII
Si Dieu a fait l'homme à son image et l'a créé Personne, il l'a fait aussi à son image en le créant société. Les membres du Corps Mystique doivent restaurer l'équilibre interne de leur corporation temporelle. La famille est le premier mouvement de corporation en une cellule sociale. Les familles se corporent dans la commune, cellule politique, et dans l'entreprise, cellule économique. Les entreprises se corporent dans la profession. Le corps social de la nation est l'unité organique des familles, des régions et des métiers, chaque fois que la nation est, seule ou avec d'autres, constituée en État politique et en patrie terrestre.
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Car la vie nationale peut se développer côte à côte avec d'autres au sein d'un même État, comme elle peut aussi s'étendre au-delà des frontières politiques de celui-ci. L'unité de la famille humaine est la famille des nations ; elle appelle une société des États avec un droit public fondé sur Dieu.
La justice sociale a pour fonction d'imposer tout ce qui est nécessaire au bien commun de la société. Celui-ci réclame un équilibre organique du corps social, spécialement entre ses trois institutions fondamentales : la famille, la propriété, l'État. Chacune d'elles contribue directement à la dignité personnelle. L'injustice sociale résulte de l'hypertrophie de l'une au détriment des autres. L'hypertrophie oligarchique de quelques grandes familles confisque la propriété et asservit ou démembre l'État. L'hypertrophie capitaliste et libérale de la propriété paralyse l'État et asservit les familles. L'hypertrophie socialiste de l'État ruine la famille et la propriété. La corporation des diverses parties de l'organisme social permet en quelque manière d'y vérifier ce que l'Apôtre disait du Corps Mystique : « Tout le corps -- coordonné et uni par les liens des membres qui se prêtent un mutuel secours et dont chacun opère selon sa mesure d'activité -- grandit et se perfectionne dans la charité. »
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Telle est la justice sociale, ordonnée à l'amour et éclairée par lui. On ne l'atteint jamais une fois pour toutes. Il y aura toujours quelque chose à ajuster pour se conformer à la nature des choses et à la justice, car les circonstances changent chaque jour et l'on n'en a jamais fini avec le poids du péché. La faiblesse humaine est telle que notre justice n'est jamais juste si la charité ne l'éclaire. Pour faire régner la justice, il faut d'abord l'observer soi-même et enseigner l'amour de Dieu et du prochain. Ceux qui croient pouvoir réformer la société sans la convertir croient donc que ce n'est pas encore le temps d'adorer Dieu en esprit et en vérité.
XIII
La tolérance est nécessaire à la vie en société, et d'autant plus nécessaire que la société a davantage besoin d'être réformée. La tolérance n'est pas l'idéal de la civilisation, mais l'accompagnement indispensable des sociétés décadentes ou convalescentes. Plus augmentent les maux de la société, plus nombreuses deviennent les tolérances nécessaires, symptômes de maladie et non de santé.
La tolérance ne consiste pas à tenir pour équivalents tous les actes et toutes les idées.
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Tolérer n'est ni approuver ni admettre, et par définition la tolérance n'est pas une attitude envers des diversités supposées également respectables : elle est une attitude envers des maux reconnus pour tels.
La tolérance s'entend par rapport à tout ce qui contredit la justice sociale, mais ne pourrait dans le moment être supprimé sans provoquer un plus grand mal. S'il est immoral et impolitique de prendre son parti de l'injustice, et plus encore d'y chercher avantage, il est impolitique et même injuste de réclamer ou de prétendre établir dans une société toute la justice tout de suite. La vie sociale se développe dans le temps, elle se développe à partir des choses étant ce qu'elles sont, non pour en faire table rase mais pour les corriger et améliorer en suivant les itinéraires parfois très longs qui rendront possible le nécessaire.
On ne peut en tous lieux et à tous moments, sans considération de l'état effectif dans lequel se trouve une communauté humaine, placer les hommes qui la composent, par décret immédiatement exécutoire, dans un état de parfaite justice. Les pouvoirs et les réalisations de l'homme sont limités : « Quand il s'agit de réalités sociales, le désir de créer des choses entièrement nouvelles se heurte à un obstacle insurmontable, à savoir la société humaine avec ses organismes consacrés par l'histoire.
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« La vie sociale, en effet, est une réalité qui est venue à l'existence de façon lente et à travers de nombreux efforts, et par l'accumulation, en quelque sorte, des contributions positives fournies par les générations précédentes. C'est seulement en appuyant les nouvelles fondations sur ces couches solides qu'il est possible de construire encore quelque chose de nouveau. La domination de l'histoire sur les réalités sociales du présent et de l'avenir est donc incontestable, et ne peut être négligée de quiconque veut y mettre la main pour les améliorer ou les adapter aux temps nouveaux. » (Pie XII). Le bien commun de nos cœurs, en tant qu'ils s'unissent à Dieu, est obligatoirement pur et exempt de péché mortel ; mais le bien commun de nos cœurs, en tant qu'ils s'unissent pour la vie périssable des sociétés temporelles, supporte une part souvent large de tolérance d'un mal moindre que celui qui naîtrait de sa suppression instantanée.
Un « refus de l'injustice » érigé en règle unique et mal entendue, échappant à la vertu de prudence et inspirant des actions insurrectionnelles, ne sert pas le bien commun mais le détruit. Il n'est aucun moment des sociétés temporelles qui n'ait comporté des injustices immédiatement insurmontables, ne pouvant être retranchées d'un coup sans supprimer la société elle-même.
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Les tolérer n'est pas y consentir, mais communier avec ceux qui en sont victimes, pâtir du sort qu'ils subissent et préparer, sans négligence ni retard, le temps ou l'on peut mettre fin aux injustices sans en provoquer de plus grandes.
L'intégrisme réactionnaire et le progressisme révolutionnaire n'ont pas toujours entièrement tort dans l'analyse des injustices qu'ils dénoncent, mais ils ont souvent tort dans les comportements pratiques qu'ils préconisent, par méconnaissance de la règle d'éviter le pire ou par inaptitude à apprécier concrètement le moindre mal.
XIV
La saine et légitime laïcité de l'État est de distinguer le Temporel et le Spirituel ; les distinguer pour les unir : et c'est la marque de la civilisation chrétienne.
Les séparer ou les confondre aboutit à soumettre le Spirituel au Temporel, et c'est la marque du totalitarisme.
La distinction du Temporel et du Spirituel est la véritable garantie des libertés fondamentales.
On ne défend, contre l'Église, aucune laïcité, car sans l'Église il n'aurait jamais existé aucune sorte de laïcité, aucune sorte de distinction entre le pouvoir temporel et le pouvoir spirituel, distinction apportée par Jésus-Christ, révélée dans l'Évangile, enseignée par l'Église et qui, hors de l'Église, se corrompt en un sens ou en l'autre.
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On ne défend, contre l'Église, aucune justice ni aucune liberté, car c'est l'Église qui libère tous les hommes par la vérité, et c'est l'Église qui, par la charité, rend juste la justice humaine.
XV
Il y a une attente du monde à l'égard des chrétiens. Ce que le monde attend véritablement de nous, ce n'est pas un changement des structures pour être heureux sur la terre, car les hommes ne peuvent l'être tout à fait ni tout le temps ; l'aspiration au bonheur et les autres sentiments naturels que l'on ne peut arracher du cœur humain y ont été déposés comme une pierre d'attente pour la grâce et l'intelligence du surnaturel. Le monde attend des chrétiens un sens pour la mort et une raison de vivre.
Tous nos actes dépendent de nos raisons de vivre, tirées du sens de la mort. Tous doivent être regardés dans cette lumière, qui n'est pas celle d'une considération théorique, mais celle d'une Personne.
La pensée chrétienne consiste à rechercher en toutes choses, dans l'accomplissement du devoir d'état temporel, la présence et la volonté de Dieu.
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L'Église laisse aux laïcs, aux familles, aux hommes de métier, aux gouvernements, le soin de trouver et d'employer les moyens pratiques qui mettent en œuvre les principes moraux du bien commun et du salut. Tel est le lieu de nos initiatives.
Nous nous adressons aux Français là où ils sont, et nous ne leur demandons pas d'en sortir, ni d'adhérer à un parti ou mouvement s'ils ne sont d'aucun, ni de quitter les organisations où ils militent s'ils sont militants. Nous ne leur demandons de changer ni de groupement ni d'occupation : mais pour les aider à y mieux remplir leur fonction, à y poursuivre selon leur état de vie la conversion permanente à laquelle nous sommes tous appelés, à mesurer plus exactement les applications de la doctrine de l'Église aux responsabilités de chacun, nous leur apportons le résultat de notre expérience et de nos réflexions. Par la chronique mensuelle des idées et des faits actuels, nous travaillons à notre place, par les moyens propres à notre état, et pour autant qu'il est en nous, à rendre la France et le monde à Jésus-Christ.
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### La revue « Itinéraires » a publié
*Les numéros* 1 *à* 13 *sont épuisés. On peut d'aventure les trouver, séparément ou en collection, chez des libraires qui auraient constitué des collections ou racheté des exemplaires d'occasion, et notamment à la* « *Librairie des Chercheurs et des Curieux* », 1, *rue Palatine, Paris VI'.*
*Les numéros* 1 *à* 13 *contiennent principalement *:
Henri CHARLIER : Le beau est une valeur morale indispensable à la société (n° 1).
Louis SALLERON : En lisant « Le Phénomène humain » du P. Teilhard de Chardin (n° 1).
Marcel CLÉMENT : Communisme et droit naturel (n° 1).
Henri MASSIS : La question qui agite le monde est de l'homme à Dieu (n° 2).
Jean MADIRAN : Dieu censuré (n° 2).
Henri CHARLIER : La confusion du gouvernement et de l'administration (no 2).
Jean de FABRÈGUES : Lettre à Jean Madiran (n° 3).
Marcel DE CORTE : De l'influence de la civilisation actuelle sur le catholicisme (n° 3).
Henri CHARLIER : L'administration de l'enseignement (n° 3).
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Louis SALLERON : Post-scriptum sur le P. Teilhard de Chardin (n° 3).
Amiral AUPHAN : Réflexions sur le drame colonial (n° 3).
La traite des blanches en France : documents (n° 4).
Gustave THIBON : Sens et non-sens de l'historicisme (n° 5).
Marcel CLÉMENT : La fête chrétienne du travail (n° 5).
Henri CHARLIER : La patrie (n° 5).
V.-H. DEBIDOUR : Le patriotisme et la paix (n° 5).
Marcel DE CORTE : Grandeur de la contemplation (no 5).
André FROSSARD : Nationalisme intégral et nationalisme jacobin (no 5).
L'Algérie française parle à la métropole : documents (n° 5).
Georges DUMOULIN : Retour aux vérités premières (numéros 6, 9, 10, 11 et 13).
Amiral AUPHAN : Euratom et Eurafrique (n° 6).
D. MINIMUS : L'Encyclique sur le Sacré-Cœur (n° 6).
Hyacinthe DUBREUIL : Évolution du syndicalisme (n° 6).
Henri CHARLIER : Despotisme de l'administration (n° 6).
Marcel CLÉMENT : Pie XII et la vocation de la France (n° 7).
Une nouvelle droite : documents (n° 7 et n° 15).
Henri CHARLIER : La réforme de l'enseignement (n° 7 et n° 8).
Henri RAMBAUD : Nationalisme et « nationalisme intégral » (n° 8).
Louis SALLERON : L'appel de nos frères de l'Est (n° 9).
D. MINIMUS : Le Christ-Roi (n° 9).
28:28
Marcel CLÉMENT : Les conditions de l'unité des catholiques de France (n° 9).
Jean MADIRAN : Lettre à Jean de Fabrègues sur la division des catholiques (n° 9).
Pierre LOYER : La division des catholiques français devant les enseignements pontificaux en matière sociale (n° 9).
Louis SALLERON : Marxisme et humanisme (n° 10).
Marcel DE CORTE : L'ordre corporatif et les obstacles qu'il rencontre (n° 11).
Marcel CLÉMENT : Méditation sur l'unité (n° 11).
D. MINIMUS : Saint Joseph artisan (no 12).
Louis SALLERON : La pensée de Marx selon : le P. Calvez (n° 12).
Jean OUSSET : Lettre à Jean Madiran sur la corporation (n° 12).
Marcel CLÉMENT : Pie XII et le droit (n° 12).
Henri CHARLIER : Les quatre causes (n° 12 et n° 15).
Le véritable problème de la guerre d'Algérie : documents (n° 13).
Joseph THÉROL : Pour un rosaire de sainte Jeanne d'Arc (n° 13).
Marcel DE CORTE : A propos du « Jésus » de Jean Guitton (n° 13).
Jean MADIRAN : Supplique à quelques théologiens (n° 13).
\*\*\*
*Les numéros* 11 *à* 27 *sont en voie d'épuisement. On peut les commander chez tout dépositaire des N.M.P.P. *; *s'ils viennent à être épuisés, se reporter à l'indication précédente concernant les numéros* 1 *à* 13.
29:28
*Dans les numéros* 14 *à* 27, *on trouve principalement *:
Marcel CLÉMENT : Les sciences sociales sont des sciences morales (n° 14).
Georges DUMOULIN : En présence du monde actuel (n° 14).
Amiral AUPHAN : Les Corporations de la marine (n° 14).
Henri CHARLIER : Raison de l'impuissance des intellectuels (n° 15).
Marcel CLÉMENT : Pie XII et le sens de l'histoire (n° 15).
Hyacinthe DUBREUIL : Pour le dossier du corporatisme (n° 15).
Henri POURRAT : Les pouvoirs de l'homme (n° 15).
Jean MADIRAN : La politique naturelle et la lumière surnaturelle (n° 16, rubrique documents).
Louis SALLERON : Le travail et l'argent (n° 16).
Braulio ALFAGÈME : La corporation (n° 16).
Action catholique et action politique : documents (n° 16).
Jean MADIRAN : L'intégrisme (numéros 17, 18, 19 et 20).
Le catéchisme : éditorial (n° 17), documents (n° 17) et notes critiques (n° 23).
Henri MASSIS : Le crépuscule de Renan (n° 18).
François-Albert ANGERS : Le corporatisme au Canada français (n° 18).
Rébellion et répression en Algérie : documents (n° 18).
Henri MASSIS : Pascal apôtre des temps modernes (n° 19).
Jean MADIRAN : Notule sur Jacques Maritain et sur la philosophie chrétienne (n° 19).
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Marcel CLÉMENT : La réforme des institutions, idole et victime des idéologies (n° 20).
Hyacinthe DUBREUIL : Le témoignage des deux frères (n° 20).
Henri CHARLIER Naissance d'une corporation (n° 20).
Jean MADIRAN : La France blessée par ses fils (n° 21).
Henri MASSIS : Apologie pour Bossuet (n° 21 et n° 22).
La guerre militaire et politique en Algérie et en métropole : documents (n° 21).
Georges DUMOULIN : L'exemple doit venir d'en haut (n° 22).
Jean MADIRAN : Le triple refus qui est à droite (n° 22 et n° 23).
Georges SAUGE : Tactique et stratégie (n° 23).
Marcel CLÉMENT : Les lois sociologiques et la loi naturelle (n° 23 et n° 24).
Georges DUMOULIN : Contributions à l'enquête sur la corporation (n° 23 et n° 24).
Jean MADIRAN : Pratique communiste et vie chrétienne (n° 23).
Francis SAMBRÈS : Lettre sur divers propos et le métier de menuisier (n° 24).
La saine et légitime laïcité de l'État : documents (n° 24).
L'édition française de *l'Osservatore romano :* documents (n° 24).
Le drame de la presse catholique : documents (n° 24).
Jean MADIRAN : La communauté catholique dans la nation française (no 25).
Marcel CLÉMENT : Le principe de subsidiarité (n° 25).
Louis SALLERON : Parenthèse sur le P. Teilhard de Chardin (no 26).
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Jean MADIRAN : La démocratie chrétienne en mouvement (n° 26).
Henri CHARLIER : Le fond de la question : le vote par ordre (n° 26).
Roger THOMAS : Politique et vie intérieure (n° 26).
D. MINIMUS : Le P. Emmanuel et la paroisse du Mesnil-Saint-Loup (n° 26 et n° 27).
Le modernisme intégral : notes critiques (n° 26).
Les deux pouvoirs et la réforme intellectuelle : éditorial (n° 27).
Roger THOMAS : La politique chrétienne de Giorgio La Pira (n° 27).
Georges DUMOULIN : La scission de 1921 et l'avenir du syndicalisme (n° 27).
Marcel CLÉMENT : Doctrine et prudence (n° 27).
XXX : Guerre et action psychologique (n° 27).
Charles DE KONINCK : Lourdes et la foi catholique (n. 27).
\*\*\*
L'ENQUÊTE menée par Marcel Clément SUR LE NATIONALISME a paru du numéro 3 au numéro 10. Elle est recueillie en un fort volume, avec une préface inédite de Jean Madiran : *Enquête sur le nationalisme* (Nouvelles Éditions Latines).
L'ENQUÊTE SUR LA CORPORATION se poursuit depuis le numéro 11. Elle sera recueillie en volume quand elle sera terminée. Elle rassemble les diverses réactions contemporaines en face du contenu et des possibilités actuelles d'application de la doctrine sociale de l'Église, doctrine exposée dans le livre récent de Marcel Clément : *La corporation professionnelle* (Nouvelles Éditions Latines).
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LA COLLECTION COMPLÈTE de la revue « Itinéraires » -- 28 numéros parus -- constitue un instrument de travail et de documentation sans équivalent, de plus en plus demandé en France et à l'étranger.
Un petit nombre de collections (reliées) sont en vente pour les années 1956 et 1957 à la « Librairie des Chercheurs et des Curieux », 1, rue Palatine, Paris VI^e^, -- mais évidemment à un prix de collection.
Le moyen pratique de posséder au moins à partir de 1959 cet instrument de travail et de documentation dont l'importance augmente chaque jour, est de souscrire un abonnement.
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### Dans les prochains numéros d' « Itinéraires »
*Dans ses prochains numéros, outre ses* « *documents* », *ses* « *notes critiques* » *et ses* « *éditoriaux* » *habituels sur l'actualité intellectuelle et sociale, la revue* Itinéraires *publiera notamment les articles suivants *:
Marcel CLÉMENT : Pie XII.
Charles DE KONINCK : *Lourdes et la foi catholique* (suite) :
Le scandale de la médiation.
La noblesse de l'amitié divine envers le genre humain.
Roger THOMAS : *Politique et vie intérieure* (suite) :
De saines institutions : ce qu'elles exigent des personnes.
A quel prix l'Église fait le bonheur des sociétés.
Réponse intégrale aux iniquités politiques.
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Henri CHARLIER : La réforme de l'enseignement supérieur.
Marcel CLÉMENT : Prudence civique et prudence poli tique.
Raymond le POITEVIN, compagnon menuisier du Devoir : Les deux formes de l'apprentissage.
Louis SALLERON : Faut-il ouvrir les lettres des pensionnaires ?
Francis SAMBRÈS : Seconde lettre géorgique.
Jean MADIRAN : Renouveau de l'histoire de l'Église et de l'histoire de la France.
LA SUITE DE L'ENQUÊTE SUR LA CORPORATION : avec les réponses de M. BUISSON, Charles CONVENT, J.-M. CORTEZLJINTO, A. DAUPHIN-MEUNIER, B. de GUÉBRIANT, F.-F. LEGUEU, B. LEJONNE, Henri de LOVINFOSSE, H. MÉDINE, etc.
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### A ses lecteurs, la revue « Itinéraires » demande...
LA PREMIÈRE CHOSE que la revue *Itinéraires* demande à ses lecteurs, c'est l'effort d'une lecture véritable, attentive et réfléchie.
Nous nous adressons en effet à la réflexion du lecteur. Nous savons bien que le lecteur est souvent assailli, dans son travail, dans son repos, dans sa maison, par un tumulte de propagandes, de radios, de journaux, de passions idéologiques. Nous ne nous dissimulons pas que c'est un très réel effort intellectuel que nous lui demandons. Nous ne nous dissimulons pas non plus qu'au milieu de tant de vacarmes journalistiques, politiques, publicitaires, passionnels, il n'est pas toujours commode de trouver le temps et le silence nécessaires pour une lecture et une réflexion comme celles que nous lui proposons.
Mais c'est bien cela que nous proposons.
\*\*\*
IL EXISTE beaucoup de journaux qui font beaucoup de bruit, qui attirent spectaculairement l'attention, et qui font croire que leur lecture est « *nécessaire à celui qui veut se faire facilement une opinion sûre et complète* ». Nous nous adressons au contraire à ceux qui n'imaginent pas qu'une simple *opinion* puisse être *sûre* et puisse être *complète.* Nous nous adressons à ceux qui exigent d'eux-mêmes davantage et mieux que des « opinions ».
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Et surtout, nous nous adressons à ceux qui savent que, dans l'ordre de la conscience, dans celui de la pensée, dans celui de l'action, rien d'estimable et de solide ne peut jamais se faire *facilement,* mais que tout au contraire s'obtient à force d'expérience, de documentation, de travail, de peine, de méditation.
\*\*\*
AUX LECTEURS qui sont d'accord avec nous sur l'essentiel, nous demandons de nous apporter leur aide.
Premièrement, leur *aide spirituelle.*
Le dernier vendredi de chaque mois, les rédacteurs, les lecteurs, les amis d'*Itinéraires* vont à la messe dans leur paroisse, ou là où ils se trouvent, et prient aux intentions de l'œuvre de réforme intellectuelle et morale entreprise par la revue.
\*\*\*
SECONDEMENT, leur *aide matérielle.*
La revue *Itinéraires* est sans capitaux, sans appuis commerciaux ni publicitaires, sans soutien d'une organisation militante, sans autres moyens matériels que les abonnements de ses lecteurs.
Et néanmoins la revue *Itinéraires* a déjà réussi, en moins de trois ans, ce paradoxe magnifique : atteindre une audience intellectuelle et morale, et une diffusion effective, qui égalent ou dépassent celles de beaucoup de publications solidement installées, ayant une réputation anciennement établie, bénéficiant du soutien actif de mouvements organisés ou de groupes financiers puissants.
La revue *Itinéraires* n'a pu le faire qu'en demandant à la générosité de ses lecteurs de lui donner les moyens matériels d'exister et de progresser. Elle est dans l'obligation de compter en permanence sur le dévouement actif de ses lecteurs.
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Nous sommes loin d'avoir atteint l'ensemble des élites véritables et des cadres naturels de la nation. Seule, l'activité de nos lecteurs peut permettre à la revue d'y parvenir.
\*\*\*
NOTRE HANDICAP MAJEUR réside dans notre pénurie de moyens financiers, qui nous empêche d'utiliser les efficaces mais coûteuses techniques publicitaires (il en est d'honnêtes) par lesquelles une publication peut atteindre rapidement un vaste public.
Nous devons avancer par l'effort, la peine, les sacrifices de tous nos amis.
Notre handicap réside simultanément dans le fait que beaucoup de nos lecteurs et amis convaincus n'ont pas encore vraiment compris la réalité de cette situation, ni quelle aide décisive ils peuvent seuls apporter au développement, à l'audience, à l'influence de la revue.
Il faut savoir que la *vente au numéro,* ni même la diffusion, fût-elle massive, des numéros spéciaux, ne nous apportent en elles-mêmes *aucun soutien matériel.*
Seul *l'abonnement* nous aide *un peu.*
Seul *l'abonnement de soutien* nous aide *vraiment.*
\*\*\*
IL FAUT SAVOIR aussi qu'un nombre important de nos lecteurs et même de nos abonnés lisent la revue *Itinéraires* sans toutefois être d'accord avec elle. Il est bon qu'il en soit ainsi, et que la revue ne se limite pas, comme on dit, à « prêcher des convertis ».
De cette catégorie nécessaire de lecteurs, nous ne pouvons attendre la souscription d'abonnements de soutien.
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C'est à ceux qui se sentent, sinon sur tout, du moins sur l'essentiel, en communion d'esprit et de cœur avec la revue, que nous adressons notre appel : que leur accord ne demeure pas silencieux et passif.
Non seulement le développement nécessaire, mais même l'existence d'une revue telle *qu'itinéraires* dépendent étroitement de la bonne volonté, du dévouement, de l'activité que ses amis déploient dans le recrutement d'abonnés nouveaux et dans la souscription d'abonnements de soutien.
En outre, lorsqu'ils souscrivent un abonnement *de soutien,* tous ceux qui le peuvent accomplissent un acte de solidarité, en évitant que nous soyons placés dans la nécessité d'augmenter le prix de l'abonnement ordinaire d'une manière qui dépasserait les possibilités de la partie la moins fortunée de notre public, et notamment de la plupart des étudiants.
Répondez-nous : en nous aidant.
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### Le Centre Français de Sociologie
De nombreux esprits sentent aujourd'hui la nécessité d'*étudier,* mais éprouvent aussi la difficulté d'étudier *seul,* dans des livres, si bons soient-ils, sans conseil et sans direction.
Pour eux existent les cours, les sessions et les conférences du CENTRE FRANÇAIS DE SOCIOLOGIE, véritable université sociale dont les activités enseignantes s'étendent à la France entière.
La maison-mère du Centre Français de Sociologie est à Beaumont-Monteux (Drôme). Fondé et dirigé par Marcel Clément, le Centre Français de Sociologie organise, non seulement des cours annuels à Beaumont-Monteux, mais encore des sessions de six jours et des séries de conférences partout où des hommes de métier, des universitaires, des étudiants, des cadres, des chefs d'entreprise, des militants désirent étudier l'économie sociale. Étudier autrement qu'au hasard des lectures, autrement que dans les improvisations passagères, autrement que dans les incertitudes de l'isolement.
Le *Conseil de Direction* du CENTRE FRANÇAIS DE SOCIOLOGIE comprend MM. *Marcel Clément,* président ; vice-présidents : *Gustave Thibon* et *Jean de Livonnière *; secrétaire général : *René Brunet-Lecomte,* ingénieur ; et l'*Abbé A. Richard,* président du Mouvement pour l'Unité ; *André Aumônier,* délégué général du Centre Français du Patronat chrétien, *Jean Daujat,* directeur du Centre d'Études Religieuses, *Raymond Delatouche,* président de la Société Le Play, ainsi que divers autres représentants catholiques des milieux universitaires et professionnels.
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Pour tous renseignements sur les cours, sessions et conférences de cette université sociale, qui est actuellement unique en France par ses méthodes et son activité, on peut écrire :
-- soit au Secrétariat général du Centre Français de sociologie, Beaumont-Monteux, Drôme ;
-- soit au Secrétariat lyonnais du Centre Français de Sociologie : M. René Brunet-Lecomte, 37, chemin de la Glacière, Oullins, Rhône.
\*\*\*
L'une de ses activités les plus connues du grand public depuis des années est *le cycle lyonnais des conférences du Centre Français de Sociologie.* Voici le cycle 1958-1959 des conférences du Centre Français de Sociologie à Lyon :
17 novembre 1958. -- Jean DAUJAT : *Saint Thomas d'Aquin et l'ordre social naturel.*
2 décembre 1958. -- Jean DAUJAT : *Descartes et les conflits modernes.*
15 décembre 1958. -- Gustave THIBON : *Pascal ou la misère de l'homme sans Dieu.*
12 janvier 1959. -- Gustave THIBON : *Nietzsche ou le duel de l'homme avec Dieu.*
16 février 1959. -- Marcel CLÉMENT : *Lénine et la stratégie révolutionnaire.*
16 mars 1959. -- Marcel CLÉMENT : *Mounier et la Chrétienté.*
20 avril 1959. -- Marcel CLÉMENT : *Maurras et la France.*
25 mai 1959. -- Marcel CLÉMENT : *Pie XII et l'unité.*
Tous renseignements sur ce cycle de conférences au Secrétariat lyonnais du Centre Français de Sociologie : M. René Brunet-Lecomte, 37, chemin de la Glacière, Oullins, Rhône.
\*\*\*
Enfin, beaucoup demandent souvent UN PRÉCIS DE DOCTRINE ÉCONOMIQUE ET SOCIALE. L'ouvrage classique de Marcel Clément : *L'Économie sociale selon Pie XII,* s'adresse en effet à des esprits ayant déjà des connaissances solides de philosophie chrétienne et de doctrine sociale.
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Nous recommandons un ouvrage de début, écrit spécialement pour ceux qui n'ont, en matière de doctrine sociale, que des notions vagues ou partielles, ou même pour ceux qui n'ont encore en la matière aucune connaissance :
-- Marcel CLÉMENT et Jean de LIVONNIÈRE : *Scènes de la vie sociale* (avec 300 illustrations de Sam).
C'est un petit traité accessible, présentant sous forme pédagogique les fondements de la sociologie et de l'économie.
S. Exc. Mgr Bornet, évêque auxiliaire de Lyon, a écrit de cet ouvrage :
« Ce livre est une sorte de manuel clair et attrayant, en même temps que précis et complet, sur *la* question quelque peu aride de la sociologie et de l'économie sociale... Les auteurs les enseignent avec des mots simples, des images si concrètes, un humour de si bon aloi, que leur volume sérieux, solide, bien construit, ressemble à un livre amusant... Faites un succès à ce manuel, il en vaut la peine. »
On peut se procurer les *Scènes de la vie sociale* en les commandant soit au Centre Français de Sociologie (Beaumont-Monteux, Drôme), soit à la Librairie des Chercheurs et des Curieux (1, rue Palatine, Paris VI^e^).
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### La prophétie de saint Pie X
« Le peuple qui a fait alliance avec Dieu aux fonts baptismaux de Reims se repentira et retournera à sa première vocation. Les mérites de tant de ses fils, qui prêchent la vérité de l'Évangile dans le monde presque entier, et dont beaucoup l'ont scellée de leur sang ; les prières de tant de saints qui désirent ardemment avoir pour compagnons dans la gloire céleste les frères bien-aimés de leur patrie ; la piété généreuse de tant de ses fils qui, sans s'arrêter à aucun sacrifice, pourvoient à la dignité du clergé et à la splendeur du culte catholique... appelleront certainement sur cette nation les miséricordes divines. Les fautes ne resteront pas impunies, mais elle ne périra pas, la fille de tant de mérites, de tant de soupirs et de tant de larmes.
« Un jour viendra, et Nous espérons qu'il n'est pas très éloigné où la France, comme Saül sur le chemin de Damas, sera enveloppée d'une lumière céleste et entendra une voix qui lui répétera : « Ma fille, pourquoi me persécutes-tu ? » Et sur sa réponse : « Qui es-tu, Seigneur ? », la voix répliquera : « Je suis Jésus que tu persécutes. Il t'est dur de regimber contre l'aiguillon, parce que, dans ton obstination, tu te ruines toi-même. » Et elle, tremblante et étonnée, dira : « Seigneur, que voulez-vous que je fasse ? » Et lui : « Lève-toi, lave tes souillures qui t'ont défigurée, réveille dans ton sein tes sentiments assoupis et le pacte de notre alliance, et va, Fille aînée de l'Église, nation prédestinée, vase d'élection, va porter, comme par le passé, ton nom devant tous les peuples et tous les rois de la terre. »
Saint Pie X, allocution consistoriale du 29 novembre 1911.
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### Avis pratiques
I. -- VENTE AU NUMÉRO. -- Tous les dépositaires des Nouvelles Messageries de presse parisienne (N.M.P.P.) vendent au numéro la revue « Itinéraires ». Ils ne l'ont pas tous en magasin, mais tous peuvent recevoir et exécuter vos commandes. Il n'est pas indispensable ; mais il est préférable de commander chaque numéro un mois avant sa parution.
II. -- ABONNEMENTS. -- C'est au sens le plus littéral et le plus exact qu'il faut entendre l'avis porté à la page intérieure de la couverture de chacun de nos numéros :
« Les abonnements entrent en vigueur quinze jours après leur réception. Ils ne peuvent en aucun cas porter sur les numéros parus pendant ou avant ce délai. »
C'est pourquoi un abonnement reçu par exemple le 14 janvier entre en vigueur avec l'envoi du numéro paraissant le 1^er^ février. Mais un abonnement reçu le 16 janvier entre en vigueur seulement avec l'envoi du numéro paraissant le 1^er^ mars.
La durée de l'abonnement est obligatoirement d'un an. Nous n'acceptons pas d'abonnements de six mois.
III. -- CHANGEMENTS D'ADRESSE. -- Les demandes de changement d'adresse doivent être accompagnées de trois timbres à 20 francs pour nos abonnés de France. Elles sont gratuites pour nos abonnés de l'étranger. Elles doivent être accompagnées en outre, dans tous les cas, d'une bande d'envoi de la revue, ou à défaut du numéro porté sur cette bande avant l'adresse. Comme les abonnements, elles doivent nous parvenir avant le 15 du mois pour pouvoir intervenir dès le numéro suivant.
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Quand intervient le changement d'adresse, en même temps que le premier numéro à la nouvelle adresse nous envoyons un dernier numéro à l'ancienne adresse. Ce qui permet à nos abonnés de nous communiquer leur changement d'adresse avant même d'en connaître la date exacte. Il n'y a pas lieu de nous renvoyer ce numéro en double, ni de nous prévenir de son existence, qui est normale. C'est seulement si, par erreur, ce double service se continuait pendant plus d'un numéro qu'il y aurait lieu de nous signaler cette anomalie.
IV. -- RÉCLAMATIONS. -- Pour toute anomalie dont un abonné aurait à souffrir dans la réception de la revue, nous le prions de joindre à sa réclamation la bande d'envoi, ou à défaut le numéro qui y figure avant l'adresse.
V. -- VENTE DE LIVRES. -- Nous demandons, instamment à nos lecteurs de n'adresser à nos bureaux aucune commande de livres, la revue n'ayant pas de service de librairie.
A ceux de nos lecteurs qui commandent leurs livres par correspondance, nous recommandons d'adresser leurs commandes, pour tous ouvrages, et spécialement pour les ouvrages écrits par nos rédacteurs à la Librairie des Chercheurs et des Curieux, 1, rue Palatine, Paris VI^e^.
VI. -- PUBLICITÉ. -- La revue n'a jamais accepté et n'accepte pas de publicité payante. La publicité que nous pouvons faire à certains ouvrages est entièrement gratuite, et donc entièrement libre.
Par voie de conséquence, le jugement critique que nous portons sur les ouvrages est lui aussi entièrement libre de l'influence que les éditeurs prennent sur les publications, par le volume de la publicité commerciale qu'ils leur consentent.
On peut seulement nous envoyer, de préférence en double exemplaire, les ouvrages et les publications que l'on estime susceptibles de retenir notre attention.
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Non seulement l'homme ne vit pas seulement de pain, mais encore il lui est naturel de se préoccuper beaucoup moins du mécanisme qui, en lui procurant son pain quotidien, assure son existence, que de cette existence elle-même, de l'univers où il s'éveille chaque matin, et du rôle qu'il est appelé à y jouer.
Pour une fois qu'il se représente nettement le montant de son salaire, il lui arrivera dix fois par jour de se dire qu'il fait beau, que le monde est drôlement bâti, que tout n'est pas rose dans le mariage, que ses enfants sont tout de même bien gentils, qu'il s'amusait mieux quand il était jeune, bref de méditer vaguement sur le sens ultime de sa destinée.
L'assurance chrétienne se fonde sur la certitude puissante que le monde existe, et que les choses sont ce qu'elles sont, -- simple bon sens, certes ; mais le bon sens, l'histoire en témoigne, ne pèse pas lourd chaque fois que le christianisme n'est plus là pour le protéger.
Les plans de l'économiste distingué sont à chaque instant modifiés et remis en question par le soldat qui donne sa vie, par le laboureur qui aime sa terre, par le fidèle qui observe les règles et les défenses dictées par sa religion, -- toutes gens qu'inspirent non des calculs mathématiques, mais une vision intérieure.
CHESTERTON
============== fin du numéro 28.