# Le quiétisme politique Edition numérique du 27/04/2003 de [[Dumont Bernard (1944-)|Bernard Duverne]], texte complémenté par Bernard de Midelt > [!quote] > Mais aujourd'hui, il est urgent d'entendre la leçon. Plus de délai ; la France est près de disparaître...si Dieu n'intervient pas lui-même.[^1] Le quiétisme politique est une des erreurs qui affectent de façon plus ou moins larvée la plus grande part des catholiques confrontés à la Révolution. Les conséquences en sont très graves : elles se font sentir aussi bien dans la conception de l'action politique que dans les détails d'organisation et jusque dans la vie spirituelle. # I. Définitions **Le quiétisme en général** (du mot *quies* ie repos) est une fausse doctrine spirituelle. C'est l'erreur de ceux qui se guident par cette maxime : "tout notre travail pour arriver à la perfection consiste à supprimer le plus possible nos actes sauf le cas d'une intervention manifeste de Dieu. Le minimum d'action personnelle devient ainsi l'idéal de la sainteté.[^2] "vouloir agir activement, c'est offenser Dieu, qui veut être lui-même le seul agent;"[^3] Par voie de conséquence, la paix absolue acquise dans cette passivité garantirait contre tout péché et dispenserait de toute pratique religieuse.[^4] Historique rapide du quiétisme : On fait généralement remonter cette doctrine à la fin du XIIIème siècle, dans une secte de faux dévots, appelés Bégards et condamnée en 1311 au concile de Vienne. On la retrouve ici et là aux XIVème et XVème siècles, en Espagne au XVIème siècle avec les illuminés (*Alumbrados*). C'est surtout au XVIIème en Italie et en France que le quiétisme proprement dit se répand, propagé par Molinos, Madame Guyon, Fénelon etc. Le Saint Siège condamne plus de quatre-vingt ouvrages de cette tendance à partir de 1687. ## Le quiétisme mitigé Comme l'écrit A. Poulain, "autour de toute erreur doctrinale, il a ce qu'on appelle son esprit. C'est comme un diminutif mais très agissant, formé de ses tendances instinctives et de ses préjugés...On peut appeler quiétistes mitigés ceux qui sans faire théoriquement l'apologie de l'inaction, lui sont pratiquement sympathiques. Ils ne la proclament pas comme un principe général de perfection, mais ils y poussent dans chaque cas particulier où l'activité serait nécessaire." ## Le quiétisme politique C'est à ce titre qu'on peut parler d'un quiétisme politique, caractérisé par une préférence pour l'inaction devant le devoir politique et par un mépris pour les structures de la vie en société. # II. Manifestations actuelles du quiétisme politique Les caractéristiques actuelles du quiétisme sont donc : le refus de l'action politique qui trouve sa justification dans l'attente de l'heure de Dieu. Toutefois tous les quiétistes ne sont pas pour autant des "apparitionistes" comme nous le verrons plus loin. **1. Textes significatifs** l'analyse politique du quiétiste : "Mais aujourd'hui, il est urgent d'entendre la leçon. Plus de délai; la France est près de disparaître... "[^5] "Le dynamisme réactionnaire fondamental est réel, mais il est neutralisé par un dispositif révolutionnaire pratiquement insurmontable."[^6] - Par suite, dans ce cas particulier ne rien faire de politique "Nos adversaires, en effet, chercheront comme ils le font d'ordinaire, à nous faire perdre notre sang froid et à nous entraîner à la violence."[^7] "Si cependant sous prétexte de faire valoir un droit divin imprescriptible, nous entreprenions, contre l'Etat laïc, une guerre de principe, nous transgresserions les limites de la bataille inférieure (ie conserver les positions qui nous restent) pour entrer dans la zone d'action de la bataille supérieure (ie la conquête du pouvoir), laquelle relève d'une stratégie bien différente...dans la bataille supérieure, la part de Dieu domine tout et oblitère totalement celle de l'homme."[^8] "Les militants traditionalistes...doivent se persuader que nous devons suivre la grâce et non la précéder."[^9] - Mais alors que va-t-il se passer ? "Le ciel contre-attaque et veut nous faire participer à l'opération, dès lors que le signal en sera donné."[^10] "Il résulte de l'examen des prophéties que ni le rétablissement de la monarchie ni celui de l'Eglise ne seront le résultat de nos intrigues politiques ou canoniques. Ils seront miraculeux l'un et l'autre. Jésus montre la divinité de ses œuvres en les ressuscitant....Il prouvera la divinité des institutions chrétiennes, les temporelles comme les spirituelles, en les ressuscitant."[^11] - Que doit-on faire ? "...on demande et puis on attend le temps marqué."[^12] **2 Commentaires sur l'analyse politique quiétiste et ses conclusions** L'analyse est non fondée et romantique. Suivant qu'elle sera pessimiste ou optimiste, le quiétiste soulignera le coté destructeur du grand événement à venir ou sa suite heureuse. - Le quiétisme pessimiste peut s'énoncer ainsi : le monde actuel est pourri, un grand châtiment va tout régénérer; tout effort humain est vain, voire même retarderait l'heure bienheureuse de la destruction purificatrice, il ne reste qu'à prier.[^13] En version plus élaborée : Il est dans les desseins de Dieu de nous faire souffrir actuellement. La preuve en est que tous les efforts faits pour en sortir ont jusqu'ici été vains. Dieu agira quand Il le jugera bon. Et pas avant. Nous pouvons néanmoins prier pour adoucir l'épreuve et, peut-être rapprocher l'heure de la délivrance. - Le quiétisme optimiste propose également deux versions : Version psycho Agir politiquement est utile à la santé spirituelle, surtout pour les plus jeunes. Mais objectivement, ça ne sert à rien. La Révolution est un mystère de la providence divine. Lorsque Dieu le voudra, Il agira et le châtiment cessera aussitôt. Tout en nous humiliant pour notre bien, Dieu montre aussi que Lui seul agit véritablement. Version musclée Nous sommes actuellement dans l'épreuve, mais si nous gardons confiance en Dieu, il nous en fera sortir souverainement. Un chef surgira - le grand monarque - le prince blanc. Sachons l'attendre patiemment en nous préparant à être ses sujets obéissant, par la prière, l'étude etc. - Dans tous les cas de figure on ajoutera ce conseil impérieux : surtout ne tombons pas dans le piège de l'action qui, tant que Dieu ne nous envoie pas la nouvelle Jeanne d'Arc, ne peut qu'être un leurre diabolique, une voie de récupération pour la Révolution. **III Les carences théologiques et politiques du quiétisme - analyse critique** **1. référence quiétiste aux révélations privées plutôt qu'à la théologie traditionnelle et à la science politique**[^14] 1.1 La Foi en la Révélation est d'un ordre infiniment supérieur à la croyance dans les révélations privées Les révélations particulières, l'Eglise n'oblige pas à les croire, même quand elle les approuve. "Par cette approbation, elle veut seulement déclarer qu'elle n'y trouve rien de contraire à la foi et aux bonnes mœurs, et qu'on peut les lire sans danger et même avec profit.[^15] Elles n'ont donc qu'une autorité purement humaine, même celles des saints, même celles que l'Eglise approuve. A plus forte raison, celles sur lesquelles l'Eglise ne se prononce pas. Chez les quiétistes au contraire on voit couramment attacher à de prétendue révélations privées une prééminence sur la raison éclairée par la foi, au mépris des règles de prudence que l'Eglise nous demande respecter. Il n'est pas exceptionnel de rencontrer des personnes se disant catholiques qui se feraient hacher menu pour telles ou telles apparitions mais qui font bon marché des exigences les plus claires du catholicisme. 1.2 La confiance dans les révélations privées ne doit pas se substituer à l'usage de la raison L'autorité d'une révélation privée n'est que celle d'un témoignage, elle est purement humaine. Les choses qu'elle atteste ne sont jamais certaines. Le contenu d'une révélation privée doit être jugé par la raison éclairée par la Foi et non l'inverse. Ainsi les révélations particulières "ne doivent pas servir à trancher les questions d'histoire, de physique, de philosophie (et donc de science politique) ou de théologie qui sont controversées entre les docteurs. Il est tout à fait permis de s'écarter de ces révélations, même approuvées, quand on s'appuie sur des raisons solides, quand surtout la doctrine contraire est établie par des documents inattaquables et une expérience certaine."[^16] "Les visions et les paroles de Dieu s'abstiennent de toute indication qui soit du ressort du jugement et de la prudence humaine; Il veut qu'on utilise autant que possible les moyens naturels; Il veut que tout se règle par eux."[^17] 1.3 Il faut éviter les attachements désordonnés aux manifestations préternaturelles Un des arguments des quiétistes est en effet celui-ci : Nous connaissons et nous respectons la distinction entre Foi dans la Révélation divine et croyance toute humaine dans des révélations particulières. Mais dès que, par les règles de la prudence, du discernement des esprits, on peut avoir la certitude morale de l'origine divine d'une révélation privée, n'y a-t-il pas quelque présomption à ne pas se guider sur elle ? N'est-ce pas du naturalisme que de mépriser ainsi les avis qui nous viennent d'en haut ? Sur les problèmes politiques vous raisonnez parce que vous êtes des hommes charnels; nous autres spirituels, nous nous laissons guider docilement par la sainte Vierge etc. Dans *La montée du Carmel*, saint Jean de la Croix traite à plusieurs reprises des révélations surnaturelles et toujours pour dire de les repousser, de n'en faire aucun cas : "Dissipez donc toujours toute représentation et sensation de cette nature. Ne dites pas : elles viennent peut-être de Dieu. En ne les aimant pas et en les repoussant on ne fait à Dieu la moindre offense et on n'en reçoit pas moins l'effet et le fruit que Dieu avait en vue en les suscitant... Rien de plus agréable au démon qu'une âme qui cherche les révélations et en est avide ; c'est lui présenter toute facilité pour insinuer des erreurs et pour affaiblir la Foi dans la mesure de ses moyens. L'âme ainsi disposée devient très grossière au sujet de la Foi, et par là elle est plus souvent exposée aux extravagances et aux fortes tentations."[^18] En maints endroits le même auteur reprend ces affirmations très nettes et explique longuement les fâcheuses conséquences d'un attachement aux manifestations préternaturelles pour la vie spirituelle. On voit par là ce qu'il faut penser d'une prétendue orientation mystique qui dispenserait de tout effort de la raison et qui opposerait le commun des mortels soumis aux exigences légitimes de la science politique, de l'analyse politique, de la prudence politique à certains charismatiques qui n'auraient pas à s'en soucier. On trouvera d'ailleurs la même doctrine chez tous les grands et véritables mystiques chrétiens. 1.4 Même quand elles viennent de Dieu les révélations peuvent nous induire en erreur a. Même les révélations des saints peuvent parfois contenir des erreurs. C'est ce qu'affirme A. Poulain en citant trente-deux cas d'illusions. Lorsque l'Eglise canonise un serviteur de Dieu, c'est sa vertu et non ses visions. b. Nous pouvons mal comprendre les révélations. > Saint Jean de la Croix écrit : "bien des prophéties et locutions divines n'ont pas eu le résultat que les hommes en attendaient, et cela parce qu'ils les comprenaient à leur façon et les interprétaient à la lettre...Il en est de même des âmes; elles se trompent dans l'interprétation des paroles, et de bien d'autre façons, au sujet de révélations et de paroles divines ; elles ne comprennent que la lettre, que l'écorce, alors que Dieu a surtout en vue par ces manifestations d'exprimer et de communiquer l'esprit qui s'y trouve renfermé, et qu'il n'est pas facile de dégager...On voit que même des paroles et des révélations qui viennent de Dieu, sont sujettes à caution, à cause de notre façon les comprendre...Pratiquement il n'est donc rien de plus avisé et de plus sûr pour les âmes que de fuir prudemment ces choses surnaturelles."[^19] a. Certaines prédictions sont conditionnelles > "Bien que véridiques en soi, elles ne se réalisent pas toujours quant > à nous; elles dépendent en effet des causes et occasions qui les ont > fait naître...l'effet dépend de la cause et quand celle-ci se > modifie, l'effet se modifie avec elle. Supposons que Dieu dise : > l'année prochaine j'enverrai un châtiment déterminé à tel royaume, > et que ce soit la conduite criminelle de ce royaume à l'égard de Dieu > qui justifie cette menace. Si avant le terme annoncé la cause > disparaît ou si la nature de l'offense change le châtiment sera ou > bien suspendu ou prendra une autre forme."[^20] Et st Jean de la > croix de citer l'exemple de Ninive (Jon. III), du roi Achab (Reg III) > etc. > > "Il ne faut donc pas se persuader que les paroles ou révélations > divines, pour véridiques qu'elles soient, doivent infailliblement se > réaliser selon le sens des mots, particulièrement quand elles sont > subordonnées, par ordre même de Dieu, à des causes humaines qui sont > sujettes à mutations et altérations. Dieu seul du reste sait quand > elles sont conditionnelles; cela n'est pas toujours explicite."[^21] > > Pour guérir ceux qui ne seraient pas convaincus, st Jean de la croix > développe plus loin tout un chapitre pour montrer que Dieu n'aime pas > qu'on l'interroge, au point même de livrer quelquefois à > l'aveuglement ceux qui l'irritent en ne suivant pas les sentiers > prescrits.[^22] > "Bien que véridiques en soi, elles ne se réalisent pas toujours quant à nous; elles dépendent en effet des causes et occasions qui les ont fait naître...l'effet dépend de la cause et quand celle-ci se modifie, l'effet se modifie avec elle. Supposons que Dieu dise : l'année prochaine j'enverrai un châtiment déterminé à tel royaume, et que ce soit la conduite criminelle de ce royaume à l'égard de Dieu qui justifie cette menace. Si avant le terme annoncé la cause disparaît ou si la nature de l'offense change le châtiment sera ou bien suspendu ou prendra une autre forme."[^20] Et st Jean de la croix de citer l'exemple de Ninive (Jon. III), du roi Achab (Reg III) etc. > > "Il ne faut donc pas se persuader que les paroles ou révélations divines, pour véridiques qu'elles soient, doivent infailliblement se réaliser selon le sens des mots, particulièrement quand elles sont subordonnées, par ordre même de Dieu, à des causes humaines qui sont sujettes à mutations et altérations. Dieu seul du reste sait quand elles sont conditionnelles; cela n'est pas toujours explicite."[^21] > > Pour guérir ceux qui ne seraient pas convaincus, st Jean de la croix développe plus loin tout un chapitre pour montrer que Dieu n'aime pas qu'on l'interroge, au point même de livrer quelquefois à l'aveuglement ceux qui l'irritent en ne suivant pas les sentiers prescrits.[^22] 1.5 Les révélations privées n'ont-elles donc aucune utilité ? Après cette longue mise en garde contre l'attachement désordonné aux révélations particulières, il convient de préciser que ce sont les abus qui sont ici attaqués : Dieu, en effet, ne fait rien d'inutile et la grâce n'agit que pour notre bien. Lorsqu'on a donc de sérieuses raisons de penser qu'une révélation temporelle est bien d'origine divine, ce qui n'est pratiquement le cas que pour celles que l'Eglise approuve, on peut donc en tenir compte avec prudence et tempérance. Ce peut être une consolation, une incitation à la conversion, à la prière, à l'action, à la pénitence etc. Mais il ressort de tout ce qui précède qu'on ne doit pas y attacher une trop grande importance et qu'il est tout à fait illégitime et néfaste d'y voir plus qu'un moyen très secondaire et de vouloir s'y appuyer exclusivement, au détriment de la Foi et de la science politique qui doivent rester souveraines, chacune dans leur ordre. Il y a donc dans la doctrine catholique de quoi démolir complètement cette prétention fréquente du quiétisme politique à réduire le monde à l'inaction, en attendant la motion divine exprimée par quelque manifestation miraculeuse. **2. le péché contre l'espérance politique** 2.1 le désespoir des quiétistes pessimistes Dans toutes les formes du quiétisme politique on retrouve l'idée commune que le mal actuel dans le monde politique, la Révolution, résulte d'un décret divin et que corrélativement seul Dieu nous en délivrera par un décret contraire. Peut-on soutenir pareille affirmation ? Le mal, absence de bien, peut être physique (maladie, souffrance, mort) ou moral (fautes personnelles). Dieu ne peut être cause du mal mais il peut le permettre. Plus précisément Dieu ne veut jamais le mal moral mais il peut vouloir le mal physique, toujours en vue d'un bien, à titre de châtiment ou d'épreuve. A quel sorte de mal appartient la Révolution ? Les idéaux révolutionnaires s'élèvent fondamentalement contre Dieu. La Révolution est donc un mal moral. Par suite Dieu ne peut vouloir la Révolution. Il peut seulement la permettre en vue d'un plus grand bien : pour que les hommes exercent d'une manière héroïque leur fidélité à son égard, pour qu'ils se sanctifient dans la lutte et pour la gloire que procurera au Père la persévérance des bons et le triomphe du Christ. Accidentellement la Révolution est également un mal physique; à ce niveau ses conséquences sont épouvantables : le bilan des ruines, des souffrances qu'elle traîne derrière elle suffirait pour la juger. C'est précisément cette analyse politique - des désordres de la Révolution - qui a pour mission dans l'ordre providentiel de ramener à la raison ceux qui veulent bien ouvrir les yeux, de les pousser au repentir, à la prière, à la pénitence mais aussi à l'action politique contre les forces du mal. Par contre Dieu veut toujours positivement, à cause de l'infinité de sa bonté, l'ordre de sa justice; il veut que tous les hommes fassent le bien. Son Fils est mort sur la croix pour les sauver tous (si certains se perdent c'est par leur propre faute et non par la volonté de Dieu). Dieu veut donc aussi nécessairement la condition du salut du plus grand nombre, une société politique poursuivant le bien commun. Par conséquent dire que Dieu veut la Révolution, c'est se tromper radicalement sur la considération qu'il a pour son œuvre.[^23] Cette conception de la Révolution, décret divin, est donc nécessairement fausse. Elle va de pair avec une spiritualité jansénisante, plus fondée sur la crainte servile du Dieu de colère que sur la crainte filiale du Dieu d'amour. Cette idée fausse d'un Dieu qui veut le mal conduira facilement les quiétistes pessimistes au désespoir. 2.2 la présomption des quiétistes optimistes Saint Thomas lorsqu'il traite des péchés contre l'espérance, après le désespoir, nomme la présomption. Car il est une sorte de présomption qui s'oppose à l'espérance chrétienne, "quand l'homme tend à un bien qu'il estime possible par rapport à la puissance et à la miséricorde divines et qui de fait n'est pas possible : ainsi pour le pêcheur, espérer obtenir son pardon sans pénitence ou la gloire sans mérite...Cette présomption est à proprement parler une espèce du péché contre le saint Esprit."[^24] N'est-ce pas dans ce péché que risquent de tomber les quiétistes optimistes lorsqu'ils se confient abusivement en Dieu seul et négligent les devoirs politiques relatifs à leur état de citoyens ? Nous avons déjà précisé de quelle façon on doit entendre que Dieu veut tout ce qui arrive. Il est maintenant utile d'y insister en précisant ce qu'est la Providence et de quelle façon s'exerce la toute puissante volonté de Dieu. **3 la providence** Comme Dieu est cause des choses par son intelligence (unie à sa volonté), il doit avoir la connaissance de l'ordre selon lequel toutes choses se rapportent à leur fin : c'est lui-même qui les ordonne ainsi et c'est en cette ordination, raison de l'ordre des choses, que consiste précisément la Providence.[^25] Quelques propriétés de la providence : le plan providentiel jusque dans ses moindres détails a été immédiatement fixé par Dieu[^26], la providence, loin de détruire la liberté humaine, la sauvegarde[^27], enfin la volonté de Dieu se fera, avec nous ou sans nous : Dieu nous a faits libres et nous a fait causes : nous ne pouvons légitimement nous dérober à sa volonté sur ce point précis. Certes, quoi que nous fassions la volonté de Dieu s'accomplira mais il n'est indifférent ni à sa gloire ni à notre salut que ce soit avec nous ou sans nous. Eventuellement sa volonté se fera sans nous car Dieu respecte notre liberté, permet le mal moral et nous pouvons donc agir hors de ses voies ou ce qui revient au même rester inertes lorsqu'il faudrait agir. Sa volonté se fera avec nous et c'est la seule voie possible pour ceux qui veulent la plus grande gloire de Dieu et leur propre salut. Tout ceci s'applique à tout l'agir humain et donc aussi à la politique : si donc la prudence politique montre qu'une action est possible au vu de la science et de l'analyse politique (et sans une étude sérieuse nul ne peut dire cette action impossible) nous ne pourrons nous y dérober sous les prétextes offerts par une mystique fallacieuse. **4 la place de la prière dans le plan divin** 4.1 Si Dieu a tout prévu, si la providence est infaillible et universelle, quelle peut donc être l'utilité de la prière ? Demander à Dieu ce qu'il a décrété de toute éternité a-t-il un sens ? - La prière se fonde sur la providence la prière ne tire pas sa force de nous mais de Dieu[^28] : dans tous les ordres, en vue de certains effets Dieu a préparé les causes qui doivent les produire ; en vue de certaines fins il a préparé les moyens proportionnés. Pour les moissons temporelles, il a préparé la semence temporelle, pour les moissons spirituelles, des semences spirituelles, parmi lesquelles il faut compter la prière. La prière est une cause ordonnée de toute éternité par la providence à produire, dans l'ordre spirituel, cet effet qui est l'obtention des dons de Dieu, nécessaires au salut, comme la chaleur et l'électricité sont les causes ordonnées de toute éternité à produire, dans l'ordre physique, les effets que nous constatons tous les jours. - Bien plus la prière est un culte rendu à la providence. Et mieux encore la prière nous permet de coopérer au gouvernement divin.[^29] Par conséquent toute opposition entre la providence, l'action et la prière est sans fondement : la prière, de même que l'action politique, sont des voies établies par Dieu pour réaliser sa volonté. 4.2 pourquoi et en quoi nous devons nous abandonner à Dieu Pour éviter l'erreur quiétiste qui fait renoncer à la lutte nécessaire et qui diminue gravement la valeur et la nécessité de l'Espérance, pour éviter aussi le défaut opposé l'inquiétude, la précipitation et l'agitation fébrile et stérile, il convient de se pénétrer de quatre principes déjà accessibles à la raison naturelle et clairement exprimés par la Révélation : a) Rien n'arrive que Dieu ne l'ait prévu et voulu ou du moins permis; b) Il ne veut rien et ne permet rien que pour la manifestation de sa bonté et de ses perfections infinies, pour la gloire de son Fils et le bien de ceux qui l'aiment, c) Toutes choses concourent au bien de ceux qui aiment Dieu. Nous n'avons donc, en nous abandonnant à Dieu, rien à craindre que de pas lui être assez soumis. Mais il est nécessaire de préciser en quoi consiste cette soumission : c'est celle d'un être libre, intelligent et non pas celle d'un robot ou d'un animal; elle implique donc l'usage de la raison et de la volonté pour comprendre le dessein du seigneur, se porter vers celui-ci comme vers un but mais aussi pour choisir entre les divers moyens qui s'offrent à chaque instant pour y parvenir. d) Cet abandon ne nous dispense évidemment pas de faire tout ce qui est en notre pouvoir pour accomplir **la volonté de Dieu signifiée par les préceptes, les conseils, les événements**.[^30] Faire la volonté de Dieu signifiée c'est faire ce que demande la raison éclairée par la Foi compte tenu de la science politique, de l'analyse politique, de la prudence politique, compte tenu des circonstances de temps et de lieu (favorables) et donc en définitive mener telle ou telle action politique. Pour le reste nous devons nous abandonner à la volonté de Dieu *de bon plaisir*, c'est-à-dire tout ce qu'il veut ou permet et sur quoi nous ne pouvons rien : par exemple l'époque et les circonstances actuelles, l'état dans lequel Dieu nous a placé, les difficultés actuelles de l'action politique et jusqu'aux fautes que nous commettons par faiblesse et qui doivent servir à nous humilier. Le quiétisme n'est donc qu'une très grossière déformation de la doctrine classique de l'abandon à la divine providence. Son espérance n'est qu'une caricature de la véritable espérance; c'est bien en fait cette présomption qui fait que l'homme se confie en Dieu d'une manière désordonnée. Il n'y a donc rien d'étonnant à ce que Dieu punisse parfois ceux qui s'y livrent en les abandonnant à un esprit d'aveuglement, à une cécité intellectuelle qui s'explique mal par les seules causes naturelles. **5 le quiétisme, négation des lois de l'incarnation** On l'a entrevu à plusieurs reprises : le quiétisme fait bon marché du mode d'union entre la grâce et la nature (ie les lois de l'incarnation). Implicitement il retombe dans une veille hérésie qui voit dans l'homme une nature complètement viciée ; par suite il méprise l'ordre de la création en particulier la raison et la liberté humaine. Au contraire tout l'enseignement de l'Eglise tourne autour de cette certitude de la Foi : le Christ, nouvel Adam, n'a pas détruit l'ordre ancien mais l'a surélevé. "Le droit divin qui vient de la grâce ne détruit pas le droit humain qui vient de la raison naturelle."[^31] La grâce divine surélève infiniment la nature humaine puisqu'elle fait de nous des dieux. Dieu en effet a fait l'homme à son image, à sa ressemblance, dès le commencement. Et surtout par l'incarnation du Verbe, par la Rédemption il a fait de nous ses fils d'adoption car "toute créature raisonnable participe au Fils par la grâce du saint Esprit qu'il nous a lui-même apporté...Or quand nous participons au Fils nous participons à Dieu; et c'est ce que saint Pierre nous enseigne lorsqu'il dit "afin que vous deveniez participant de la nature divine".[^32] Mais dans cette sublime opération Dieu ne vient pas substituer à la nature humaine une autre nature; il ne vient pas mettre à la place de l'âme humaine un autre principe : la grâce consiste en une disposition nouvelle qu'Il imprime à celle-ci et qui la rend capable de tendre vers la possession du bien suprême. La grâce en tant qu'elle est une qualité **n'agit pas sur l'âme par manière de cause efficiente** mais par manière de cause formelle : ainsi la blancheur rend un objet blanc, la justice fait d'un individu un juste.[^33] Et donc bien que la grâce soit d'un ordre infiniment supérieur à celui de notre nature, elle suppose l'homme existant indépendamment d'elle et elle s'unit à lui comme un accident qui vient perfectionner une substance. L'âme humaine fournit un support à la grâce créée qui vient la faire participer à la nature divine. Ainsi Dieu veut la coopération des créatures intelligentes aussi bien dans le domaine temporel que dans le domaine spirituel; il ne saurait être question pour l'homme de cesser d'appliquer sa raison à la science politique et d'agir selon la prudence politique sous prétexte de se laisser guider par Dieu. **6 conclusion de l'analyse critique** Au terme de cette analyse critique, on peut répondre aux quiétistes qui souhaitent faire passer leur thèse pour une doctrine spirituelle élevée qu'elle peut être bien au contraire source de péchés graves : contre la Foi : la confiance exagérée dans les révélations privées, l'attente de phénomènes préternaturels corrompent la Foi. On peut en venir en effet à mettre sur le même plan la Révélation et ces révélations. Ou bien on méprisera les vérités de Foi en les regardant comme des croyances humaines ordinaires ou bien on surélèvera au niveau de la Foi des messages dont la crédibilité est toute humaine. Contre l'Espérance : par désespoir par la conception jansénisante d'un dieu-tyran, dont le bon plaisir serait de châtier ceux qui sont prédestinés à sa colère par présomption, par une confiance désordonnée en Dieu, espérant de sa toute puissance des choses qui sont en dehors de l'ordre voulu par Lui : par exemple espérer de lui seul la cessation d'un mal dont nous sommes corresponsables tant que nous ne nous y opposons pas de toutes nos forces. Contre la Charité : en prétendant aimer Dieu et se contentant de le prier des lèvres, sans daigner faire sa volonté. Car ce n'est sûrement pas faire sa volonté que de refuser d'accomplir son devoir dans le domaine politique qui est celui de la plus haute charité après la prédication évangélique. Ce n'est certainement pas aimer son prochain que de laisser la Révolution le détruire physiquement et spirituellement. **IV causes du quiétisme politique actuel** 1. les causes externes 1.1 Les fausses prophéties ont surtout abondé aux époques de grands troubles politiques et religieux. Le p Poulain y voit la conséquence de la surexcitation des imaginations et cite plusieurs véritables épidémies de prédictions correspondant à ces périodes de crise. Les caractéristiques principales des prophéties anciennes et modernes sont celles-ci : elles ne poussent jamais à la lutte directe contre les méchants, elles n'indiquent aucun moyen sérieux de leur résister, elles prédisent souvent que le monde va changer soudainement, par miracle : "une ère nouvelle est sur le point d'apparaître..."[^34] 2. Mais tous les quiétistes ne sont pas des "apparitionnistes". - Ils sont souvent dépassés par la crise actuelle. Beaucoup d'autres avant de se croiser les bras ont milité courageusement dans les rangs d'organisation où ils étaient trompés ou se trompaient eux-mêmes (d'où la tentation de brûler maintenant à tort ce que l'on a adoré à tort). Beaucoup ont payé de leur personne et ont été scandalisé de l'échec total ou partiel de leurs efforts et de leurs sacrifices. - Certains sont victimes de l'hagiographie contre-révolutionnaire qui glorifient sans discernement des hommes, des doctrines, des actions politiques sans vouloir analyser les causes toutes humaines de leurs échecs comme s'il n'existait ni science politique ni erreurs politiques corrélatives. - Par voie de conséquence on en arrive à ne plus rien faire en politique ou à agir tout de même mais sans viser le but qu'il serait raisonnable de vouloir atteindre. 2. les causes internes les cause profondes, bien antérieure à la crise religieuse, sont le sentimentalisme, l'individualisme (baptisé de nos jours personnalisme) et la paresse. Le sentimentalisme Il a tout envahi, dénaturant insensiblement la Foi, méprisant la raison (et par suite la science politique) et donnant ainsi libre cours à toutes les extravagances. On ne se porte plus vers ce qui est raisonnable - même la Foi est d'une certaine manière raisonnable bien qu'elle dépasse infiniment la raison ; on recherche ce qui peut plaire, ce qui réconforte. Le quiétisme politique se rattache manifestement à l'école sentimentaliste : selon le caractère de la personne, sa situation elle imaginera l'avenir à sa façon en quiétiste optimiste ou pessimiste; selon son tempérament, vers le châtiment ou vers l'ère merveilleuse à venir. L'individualisme Le quiétiste est le plus souvent un individualiste. Il est persuadé qu'il peut à titre personnel assurer son salut tant temporel que spirituel. au plan temporel, il pense souvent pouvoir se réfugier dans un lieu préservé du grand cataclysme ou bien échapper aux fléaux divins par des pratiques spéciales ; au plan spirituel il a la certitude que la prière seule le fera échapper au pourrissement moral et à l'apostasie générale que secrète la Révolution.[^35] En revanche il se désintéressera volontiers du sort de son prochain et en particulier des victimes actuelles ou à venir du Léviathan qu'il se refuse à combattre. Sans comprendre qu'il risque lui aussi d'en être victime car sa présomption l'expose grandement à être abandonné par Dieu malgré de vaines prières. L'idée qu'il puisse être un animal social et politique, que les conditions de son propre salut et de celui de tous ses frères sont liées à des sociétés (d'une part la communion des saints dans l'Eglise et d'autre part la société civile sous l'autorité de l'Etat poursuivant le bien commun), toutes ces réalités lui échappent. La paresse Le quiétiste refuse de se battre sur le terrain même de l'adversaire et attend tout de Dieu. En version optimiste en attendant l'ère nouvelle où tout ira bien sans avoir eu besoin de se donner grand mal, en version pessimiste en attendant le châtiment qu'il est moins fatiguant d'évoquer devant ses amis plutôt que de vouloir l'infliger réellement aux méchants. **V L'espérance politique** (on se reportera à Civitas n° 15 p 4 et s.) 1. politique et vertu théologale d'espérance 2. l'espérance politique est-elle possible aujourd'hui ? 3. la victoire est-elle certaine ? Bernard Duverne/ Bernard de Midelt [^1]: in *Résurrection* n°17 mai 2002 p 1 - Il convient donc de se souvenir de l'adage d'Amboise Paré : "Je l'ai pansé, Dieu l'a guéri" - Madiran Jean : in *Itinéraires* n°135 août 1968 précise parlant de notre époque : "Elle ne comprends plus que l'on puisse demander en même temps mais sous des rapports différents la même chose à l'engrais et à Dieu...""Elle ne comprends plus que Dieu puisse être CAUSE et des causes et des effets : cause et de l'homme, et de l'engrais, et des fruits de la terre; cause de l'action de l'homme, bien qu'en même temps l'homme soit cause de ses propres action." [^2]: Poulain A sj, *Des grâces d'oraison*, éd Beauchesne 1914 p 516. [^3]: Molinos : in Charles Journet, *Le quiétisme*, éd Saint-Paul Fribourg 1950. [^4]: Millet Louis, Mourral Isabelle, *Petite encyclopédie philosophique*, éd Universitaires 1993 p 282. [^5]: in *Résurrection* n°17 mai 2002 p 1. [^6]: Vaquié Jean, *La bataille préliminaire*, éd AFS 2001 p 5. [^7]: *op cit*, p 9. [^8]: *op cit*, p 6. [^9]: Vaquié Jean, *Réflexions sur les ennemis et la manœuvre*, Lecture et tradition n°126 juillet-août 1987 p 47. [^10]: Vaquié Jean, *Réflexions sur les ennemis et la manœuvre*, Lecture et tradition n°126 juillet-août 1987 p 51. [^11]: Vaquié Jean, *Réflexions sur les ennemis et la manœuvre*, Lecture et tradition n°126 juillet-août 1987 p 49. [^12]: *op cit*, p 21. [^13]: Bernanos Georges : "on rencontre plus souvent à sa place (de la résignation véritablement chrétienne) une espèce d'indifférence hébétée au malheur des autres, une espèce d'escroquerie universelle à l'espérance, résignation larmoyante, effondrée qui dispense de choisir et qui est la véritable forme, la forme torpide du désespoir." Cité par Jean de Fabrègues, *Bernanos devant le totalitarisme*, L'homme face au totalitarisme moderne, éd Office international 1964. [^14]: Vaquié Jean : "Les prophéties publiques sont destinées à toutes les nations et à tous les temps...Nous souhaitons des prophéties plus détaillées et plus actuelles. C'est le cas précisément des prophéties privées qui nous donnent des espérances plus proches" *Op cit*, p 48. [^15]: Poulain A. sj, *op cit*, p 334. Cf. également, en cette même page, Benoit XIV : "que faut-il penser des révélations privées approuvées par le saint Siège...j'ai dit qu'il n'est ni obligatoire, ni possible de leur donner un assentiment de foi catholique, mais seulement de foi humaine, conformément aux règles de prudence, qui nous les présente comme probables et pieusement croyables." (*De canon*. 1 III cIIIn15 et 1 II cXXXII n11) - Melchior Cano ! "Peu lui importe que l'on croie ou non aux révélations de sainte Brigitte ou des autres; ces choses ne se rapportent nullement à la Foi." (*De locis theologicis* 1 XII, c III). [^16]: cardinal Pitra, *Livre sur sainte Hildegarde*, p XVI. [^17]: Jean de la croix st, *La montée du Carmel*, éd Desclée chap. XX. [^18]: Jean de la croix st, *La montée du Carmel*, éd Desclée chap. X. [^19]: Jean de la croix st, *op cit*, chap. XVI. [^20]: Jean de la croix st, *op cit*, chap XVII. [^21]: Jean de la croix st, *op cit*, chap XVII. [^22]: Jean de la croix st, *op cit*, chap XIX. [^23]: Dieu ne veut pas la mort : "Car Dieu n'a pas fait la mort et il n'éprouve pas de joie quand périssent les vivants." (Sg XI 24). Le sens des châtiments ne peut être que le mal permis et non la volonté d'anéantissement : "Si l'on fait grâce à l'impie, il n'apprend pas la justice." (Is XXVI 10). [^24]: Thomas d'Aquin st, *ST* 2a 2ae q 21 - Quelques lignes plus loin il précise "cette présomption qui fait que l'homme s'appuie d'une manière désordonnée sur Dieu est un péché plus grave que la présomption qui le fait se confier à sa valeur personnelle", car c'est un péché contre Dieu. [^25]: Thomas d'Aquin st, *ST*, Ia q22 a1 - La providence est comme une extension de la sagesse de Dieu..."Sagesse qui atteint avec force d'une extrémité du monde à l'autre et dispose tout avec douceur." (Sg VIII 1) cité in Garrigou-Lagrange R., *La providence et la confiance en Dieu*, éd Desclée 1932, III, 1 p 171. [^26]: Garrigou-Lagrange R., *op cit*, III, 1 pp 172, 173, 174: "Dieu, à titre de cause non pas unique mais première, est cause de tout à l'exception du mal, à l'exception de cette privation, de ce désordre qu'est le péché. Quant au mal physique et à la douleur, Dieu ne les veut qu'accidentellement pour un bien supérieur." [^27]: Garrigou-Lagrange R., *op cit*, III, 1 pp 173, 174 : "Bien que la providence, comme ordination divine, s'étend immédiatement à tout ce qu'il y a de réel et de bon, jusqu'aux dernières fibrilles des êtres, cependant lorsqu'il s'agit de l'exécution du plan providentiel Dieu gouverne les créatures inférieures par les supérieures aux quelles il communique la dignité de la causalité (*ST*, Ia q22 a3)." - Thomas d'Aquin st, Ia q 22 a3 : "Quant à l'exécution de cet ordre providentiel Dieu gouverne les êtres inférieurs par les êtres supérieurs, non par une impuissance de sa part mais pour communiquer aux créatures et surtout aux créatures supérieures **la dignité de la causalité**." [^28]: Garrigou-Lagrange R., *op cit*, III, 5 pp 221 et s : "La prière a en effet été voulue par Dieu bien avant que nous voulions nous mettre à prier...La vraie prière faite dans les conditions voulues est infailliblement efficace parce que Dieu, qui ne peut pas se dédire, a décrété qu'elle le serait." [^29]: Garrigou-Lagrange R., *op cit*, III, 5 p 226 : "C'est l'acte par lequel nous reconnaissons constamment que nous sommes sous le gouvernement de Dieu." "En priant nous nous mettons à vouloir dans le temps ce que Dieu veut pour nous de toute éternité." [^30]: Garrigou-Lagrange R., *op cit*, IV, 1 et II, 7 respectivement pp 232 et 167. [^31]: Thomas d'Aquin st. [^32]: Athanase st, Or. In Terrien T. 1 p 89. [^33]: Thomas d'Aquin st, *ST*, Ia IIae q 110 a2. [^34]: Poulain A. sj, *op cit*, p 364. [^35]: au plan psychologique, pour mouvoir ce type de quiétiste vers l'action politique, il convient de mettre en doute la capacité de résistance de ses proches face à la Révolution victorieuse en lui présentant que : "recevoir en partage dès la jeunesse une éducation tournée vers la vertu est une chose difficile à imaginer quand on n'a pas été élevé **sous de justes lois**: car vivre dans la tempérance et la constance n'a rien d'agréable pour la plupart des hommes surtout quand ils sont jeunes" (Aristote, *Ethique à Nicomaque*, X, 10).